« Alors c'est quoi ton petit pseudo : Em' , sinon tu as quel âge : Dix huit ans tout rond   et tu viens d’où de Belgique   , non reviens ne pars pas encore, j'ai des questions, tu l'as connu où le forum : merci bazzart ! . D'accord ! D'accord ! Continuons, as-tu des choses à dire sur le forum ? Tu l'aimes ? : il a l'air trop cool   . Une autre question et après j'ai fini, tu vas te connecter combien de fois par semaine : 5/7 . »

Je n'ai pas hérité de la beauté extravagante de ma mère, contrairement à bon nombre de mes frères et soeurs. Et si j'aime me battre, ce qui horripile ces derniers, je déteste avoir à me salir les mains et préfère me battre à distance : j'utilise donc un arc à flèches dont le carquois est inépuisable, cadeau d'un enfant d'Apollon avec qui j'étais sortie quelques années.

Le deuxième objet que je possède est en fait un cadeau de ma très chère mère : il s'agit d'un miroir fait en argent, incrusté de légères écritures en grec ancien. Lorsque je suis en danger, il le sent et il se transforme en poignard à double tranchant.

I. La fin de l'enfance à New-York
Eoline était occupée à regarder le soleil décliner peu à peu par la fenêtre de son école de ballet, légèrement perdue dans ses pensées, bien qu'elle tente vainement d'écouter les conseils de son professeur de danse. C'était une vieille femme à l'allure sévère, portant des lunettes qui lui donnaient un air encore plus hautain qu'elle ne l'était déjà et avec un haut chignon dont aucune mèche ne s'échappait. Le père de la petite fille ne l'aimait pas vraiment et chaque fois qu'ils étaient à table ensemble, il lui demandait joyeusement « Alors, comment s'est passé le cours avec la vieille harpie ? » Bien qu'elle ne sache pas vraiment ce qu'était une harpie, l'enfant fronçait toujours les sourcils, persuadée que cet adjectif ne signifiait rien de particulièrement bon et réprimandait son père, du haut de ses huit ans. « EOLINE ALEXANDRA JACKSON, VEUX-TU TE CONCENTRER ? » Tirée rapidement de ses pensées, la petite fille tourna vivement les yeux vers la vieille femme qui lui lança un regard plein de reproches, comme si elle venait de faire la pire bêtise de son enfance. « Quoi qu'il en soit, la leçon est terminée de toute façon. » Madame Webster, plus communément surnommée "la vieille harpie" par son père leur indiqua la porte qui menait aux vestiaires d'un geste du menton. Toutes les danseuses se ruèrent presque vers l'endroit désigné afin de se changer. Légèrement traînante, la jeune Jackson enroulait seulement une écharpe rose autour de son cou, alors que toutes ses camarades s'étaient déjà volatisée, fuyant le froid de décembre afin de rentrer au chaud lorsqu'elle sentit une présence. Elle fronça les sourcils et releva le regard en direction de la porte : une femme -tellement ravissante qu'Eoline n'arriva pas à prononcer le moindre mot- se tenait à quelques pas d'elle, une main sur la hanche, l'autre tenant un miroir dans la main. La jeune femme enleva la main de sa hanche, repoussant une mèche de cheveux blonde derrière son oreille, puis baissa le miroir, ses yeux se plongeant dans ceux d'Eoline. Elle avait l'impression de l'avoir déjà vue quelque part, son regard ne lui était pas inconnu. « Ce que tu as grandis mon ange ! » S'exclama-t-elle, tandis qu'elle laissait un large sourire se dessiner sur ses lèvres, laissant découvrir une rangée de dents bien blanches. « Tu as les cheveux de ton père... » Commença la jeune femme dont Eoline ignorait le nom en faisant la moue, avant de reprendre la parole, un nouveau sourire se dessinant sur ses lèvres. « Mais tu as mes yeux ! Oh, très joli manteau et chaussures, ton père a toujours autant de goût.  » Avalant difficilement sa salive, l'enfant âgée de huit ans inclina légèrement la tête de côté, examinant son interlocutrice de la tête aux pieds avec une très grande attention. Elle était au-delà du mot belle et une grâce naturelle se dégageait d'elle, mettant Eoline de bonne humeur, sans vraiment qu'elle sache pourquoi. Se reprenant cependant, la petite fille fronça les sourcils et attrapa son sac rose bonbon, assortit à son écharpe avant de s'avancer vers la jeune femme. « Qui êtes-vous ? » Déjà, son interlocutrice était à nouveau occupée à contempler son reflet dans le miroir en argent qu'elle tenait toujours en main. « Tu peux m'appeler Carole... C'est sous ce nom-là que ton père m'a connue. » Elle marqua une courte pause, relevant le regard en direction d'Eoline qui semblait perdue. « Ou maman, à toi de voir. »

II. La cavale jusqu'à la colonie
« Eoline Alexandra Jackson ? » Si le ton de son père était particulièrement neutre, cela inquiéta la jeune fille qui était occupée à regarder son reflet au travers du miroir de sa chambre située à l'avant dernier étage de l'upper east side. Son père ne l'appelait par son deuxième prénom et son nom que lorsqu'il était en colère après elle. Il n'haussait jamais le ton, mais l'entende d' " Alexandra Jackson " était signe qu'elle avait fait une bêtise. Il ne l'avait appelée qu'une seule fois par son deuxième prénom et son nom de famille : le jour où, poussée à bout de nerf par Eoline, sa belle-mère avait quitté l'appartement définitivement. Roulant des yeux, Eoline quitta finalement sa chambre pour se rendre dans le salon où son père se trouvait. Debout devant la grande baie vitrée qui donnait sur central parc, il ne regardait pas la télévision à écran plat qu'il avait laissé allumée sur un match de foot. En prêtant un peu plus d'attention à son patriarche, le sang de la jeune fille se glaça. Dans sa main droite, il tenait un objet en argent qu'elle ne connaissait que trop bien : le miroir que sa mère lui avait offert deux ans auparavant en lui disant qu'elle saurait un jour comment s'en servir, lorsque l'occasion se présenterait. Pendant un infime moment, la jeune fille se sentit coupable avant de réaliser qu'elle n'avait rien fait de mal, bien qu'à présent tournés vers elle, les yeux de son père lui indiquaient tout le contraire. « A qui a tu eus ça ? » Demanda-t-il d'un ton accusateur avant de s'approcher d'elle, lui mettant le miroir sous le nez. Elle voulut lui reprendre, mais il fut plus rapide et s'éloigna de quelques pas. « Tu sais très bien à qui appartiens ce miroir, papa. » Sentant la colère monter, la pré-adolescente s'avança vers lui et lui arracha finalement l'objet en argent dont le côté était incrusté d'écritures en grec ancien des mains, non sans quelques secondes d'hésitation. « Tu m'as dis que maman était morte ! On avait dit jamais de mensonges et tu me mens sur la chose la plus importante ! » Si elle était en colère, son paternel avait l'air de l'être encore plus, ce qui l'aurait effrayée entre temps, parce que son père n'était jamais en colère. Dans le pire des cas, il était vaguement fâché, mais pas cette fois. « TU N'AVAIS PAS A LA VOIR EOLINE ! » Serrant le cadeau que sa mère lui avait fait deux ans auparavant, la jeune fille lança un regard noir à son père, reculant de quelques pas. « Tu peux pas m'interdire de voir ma mère et c'est pas en ramenant une nouvelle femme qu'elle remplacera maman ! » Secouant légèrement la tête de droite à gauche, Eoline quitta la pièce d'un pas rapide pour se rendre à nouveau dans sa chambre où elle ferma la porte à clé. Les pas de son paternel se firent entendre derrière le bout de bois qui les séparaient l'un de l'autre et il frappa contre cette dernière. « Laisse-moi entrer Eoline, c'est un ordre ! » Niant complètement son géniteur, la jeune Jackson attrapa le sac dans lequel elle mettait habituellement ses affaires de danse, le vida, puis se dirigea vers son dressing. Elle retira sa robe qu'elle laissa traîner au sol pour enfiler un jean et un t-shirt, au-dessus duquel elle enfila un sweat à capuche. Elle attrapa un deuxième jean qu'elle fourra dans son sac, ainsi qu'un cardigan et un t-shirt et toutes autres choses qu'elle trouva utile. « Eoline, si tu ne m'ouvres pas cette porte, je te jure que je la défonce ! » Finalement, sa main se posa sur le miroir de sa mère qu'elle contempla pendant quelques secondes avant de l'entasser dans son sac qu'elle balança par la suite sur son épaule droite avant d'enfin ouvrir la porte à son père qui était rouge de colère. « Où vas-tu comme ça ? » Lui demanda-t-il alors qu'elle ouvrait la porte de l'appartement. Elle se tourna vers lui, plongeant son regard dans le sien. « Loin de toi. »


« Cours Eoline, dépêche-toi bon sang ! » Son sac en bandoulière ne lui facilitait aucunement la tâche, il fallait bien l'admettre et qui avait eu l'idée de monter une colline après avoir été poursuivit par un monstre pendant autant de temps ? Quoi qu'il en soit, son protecteur qu'elle avait rencontré dans un snack quelques heures après avoir fugué traînait légèrement la patte derrière les deux demi-dieux qu'il devait protéger : à savoir Eoline et Nathanaël, dont elle ignorait le parent divin. A vrai dire, elle le soupçonnait de lui-même ignorer qui était son père ou sa mère. De plus, ils n'avaient pas réellement eu le temps de parler, ils avaient plutôt passé les derniers jours à courir. « Tu m'as dit que ta mère t'avait fait un cadeau non ? Utilises le ! » Légèrement perdue et essoufflée, Eoline risqua un coup d'oeil en arrière : le minotaure était à leur poursuite, elle n'avait pas le temps de s'arrêter pour chercher le miroir. Aussi, elle ouvrit son sac, les mains tremblante, jetant de temps à autres des regards devant et derrière elle, tandis qu'elle cherchait fébrilement l'objet tant désiré. « Je l'ai ! » S'exclama-t-elle, tandis qu'elle s'arrêtait au sommet de la colline en pivotant pour faire face au monstre. Son protecteur n'était qu'à quelques mètres, le minotaure aussi. La main tremblante, elle sursauta lorsque l'objet d'argent s'allongea légèrement pour se transformer en poignard à double tranchant qu'elle examina pendant quelques secondes avec stupeur. « Mais qu'est-ce que vous faites ? Courrez dans le camp ! » Leur cria leur protecteur, tandis qu'il s'approchait de plus en plus des deux demi-dieux. Eoline ne bougea pas quelques instants, hésitante, puis pris l'objet par la lame, attendit que le monstre soit suffisamment près et tenta le coup : le poignard fusa dans l'air et se planta dans l'épaule du minotaure qui se stoppa dans sa course, permettant au satyre de rejoindre Eoline et Nathanaël. « Joli coup demi déesse ! » Coup de chance, évidemment. Elle n'avait jamais appris à lancer un couteau et puis, elle tremblait. Si elle l'avait touché en pleine épaule, c'est que les dieux étaient de son côté et rien d'autre. « Baissez-vous ! » Leur ordonna soudainement une voix derrière eux, tandis que les deux demis dieux et le satyre s'exécutaient. Une flèche siffla au-dessus d'eux, puis vint s'abattre dans le front du minotaure. Tout aussi vite, une deuxième fila et se planta dans sa poitrine. Coup fatal : le monstre explosa. Eoline attendit quelques secondes, puis se releva doucement avant de tourner la tête vers l'entrée du camp : deux adolescentes en armure, surement âgée de seize ou dix-sept ans se tenaient non loin de l'entrée, un arc à flèches dans les mains.

III. L'enseignement.
Assise sur son bureau, les jambes croisées, le coude posé sur sa cuisse, le poing fermé et le menton posé sur ce dernier, Eoline fixait sa classe avec beaucoup d'attention. Elle donnait cours de mythologie, ce qui était plus qu'utile aux demis dieux, surtout lorsqu'ils partaient en quête : ils devaient savoir dans quoi ils se lançaient. Cherchant un élève à interroger du regard, les yeux de la jeune femme s'arrêtèrent sur un fils d'Arès qui ne devait pas avoir plus de douze ans et n'était jamais sorti du camp. « Que ferais-tu si tu tombais sur un hydre, Jared ? » Ne le lâchant pas du regard, Eoline attendit patiemment sa réponse tandis qu'un murmure s'élevait déjà entre deux enfants d'Athéna. « Je lui coupe la tête, puis je lui enfonce mon épée en plein dans le cœur. » Répondit-il avec assurance, tandis qu'Elizabeth et Liam, les deux enfants d'Athéna en question levaient les yeux au ciel. Les enfants de la déesse étaient toujours à l'avance sur les autres : ils étudiaient plus facilement et pour la plupart, retenait plus facilement. Un enfant d'Arès préférait se battre que d'apprendre, bien que quelques exceptions arrivent de temps à autres. « Oh, c'est un excellent moyen. Si tu veux voir deux autres têtes réapparaitre par la suite. » Elle marqua une courte pause, puis sauta de la table du bureau sur laquelle elle était assise pour s'avancer vers le jeune homme. « Tu te feras tuer à la moindre occasion si tu sors de cette colonie sans le moindre savoir. » Le jeune homme haussa doucement les épaules, se laissant glisser sur sa chaise. Eoline n'aimait pas particulièrement les enfants du dieu de la guerre et pour cause, elle n'aimait pas leur père non plus, cependant, elle tentait de ne rien en montrer. « Je sais qu'apprendre ce genre de choses, c'est beaucoup moins cool que de se battre, mais vous me lirez le chapitre sur les Hydres pour le prochain cours. Ça évitera que le prochain d'entre vous qui sera élu pour partir en quête ne se fasse tuer. »