« Alors c'est quoi ton petit pseudo : Celska , sinon tu as quel âge : dix-huit ans et tu viens d’où du sud de la France , non reviens ne pars pas encore, j'ai des questions, tu l'as connu où le forum : par un TOP rpg . D'accord ! D'accord ! Continuons, as-tu des choses à dire sur le forum ? Tu l'aimes ? : moui, j'aime bien le design . Une autre question et après j'ai fini, tu vas te connecter combien de fois par semaine : dés que j'aurais une notification de réponse aux rps . »

Tout comme mes frères et sœurs, je possède un pendentif d'argent qui pourrait me permettre d'entrer en contact avec mon géniteur si jamais je venais à l'activer. La plupart du temps, il reste au vestiaire, nous n'avons rien à nous dire, et je ne crois franchement pas que ce soit le meilleur moyen de consolider notre relation père-fils inexistante.

Je n'avais pas d'emprise sur les rêves, ce qui fut considéré comme une preuve de faiblesse à mon arrivée au camp. Du fait de mon ascendance, on devait attendre de ma part des exploits dignes de mon père, sinon plus grands encore, je vous laisse imaginer la déception de mes professeurs...  
Ils crurent bon de me faire don d'une clairvoyance à toute épreuve en m'offrant un gantelet d'argent tout droit sorti des forges d'Hephaïstos. Peut pratique pour un type défensif comme moi, car il entravait mes mouvements, je me suis rapidement rendu compte qu'en plaçant ma main gantée -de telle sorte à ce qu'elle forme un cercle- devant l'un de mes yeux, je pouvais distinguer traces de magie et pièges invisibles.

Cet homme là s’était construit sur les restes  d’un patrimoine familial décadent, avait grandit avec le goût amère de la défaite en bouche, s’était élevé avec peine, et n’aurait pas dû connaitre d’autre vie que celle du commun des mortels. D’une banalité atterrante, le but de son existence n’avait, jusque là, pas dépassé le stade de la survie. Prenait-il plaisir à vivre ? Entamait-il chaque jour avec l’excitation grandissante que procure le pressentiment d’une quelconque nouveauté ? Qui aurait sû le dire ? Et il n’était pas aidant avec ça.

Il avait néanmoins des passions, comme tous les hommes, ce qui le rendait plus sympathique aux yeux de ses prochains.  D’une nature calme, douce et simple, il consacrait une grande partie de son temps à la lecture, quand il n’attendait pas avec une impatience extatique l’heure du coucher. Vous l’aurez peut être compris, si notre bonhomme ne s’éveillait pas de gaité de cœur, c’est parce qu’il aimait rêver. Les songes le plongeaient dans un ravissement tel, qu’il ne savait plus très bien distinguer le réel de la dimension qui trônait en juste place dans sa tête.
Cet étrange engouement pour une vie d’errance onirique n’était pas sans soulever des questions, et pour cause, il pouvait arriver au petit garçon, enfant, comme à l’homme adulte de passer autant de temps éveillé qu’endormi dans une même journée sans qu’il s’agisse d’une propension naturelle à la narcolepsie. Quel était le sujet de ces rêves ? Que pouvait-il voir que d’autres ne pouvaient saisir ?

Ce n’était que bien plus tard, lorsque, par superbe, il avait appris ses origines et par extension son état de demi-dieu qu’il avait pu mettre des mots sur ce qu’il voyait en rêve : d’autres enfants, plus vrais que natures, qui n’étaient rien d’autres que ses demi-frères et sœurs, et avec qui il avait –avant même de faire la rencontre de son paternel- eu l'étrange impression d'avoir des liens.

On l'avait nommé ainsi en espérant qu’il s’inspirerait un peu plus de la bête et parviendrait à trouver la force et le courage que sa mère n’avait pas eu. Mais c’était sans compter ses ascendances, et au grand dam de son entourage, Léon s’était montré plus taciturne et secret qu’extraverti et soucieux de plaire. Ce n’était que bien plus tard, quand il avait finalement - au terme de deux longues années passées au camp – fait montre d’un don qu’on lui avait accordé un autre patronyme. Un nom qui lui correspondait mieux, et pour cause, il semblait contenir toute l’essence de cet étrange personnage.

Je ne me souviens plus du nom ni du visage de celui qui l’appela ainsi. Etait-il un ami ? Une connaissance ? Un ennemi juré ? Peu importait à l’époque, peu importe encore aujourd’hui, c’est ainsi que tout le monde appela Léon pour le reste de sa vie au camp. Cela devait lui procurer le sentiment d’être quelqu’un d’autre, et je pense que c’est ce qu’il recherchait par-dessus tout.  Quand au sens profond de ce petit mot curieux, on ne peut que l’imaginer. S’appeler Vertigo devait produire une sorte de mysticisme autour d’un don qui avait mis des années à se manifester. Le sentiment d’être différent, d’être inlassablement le dernier ne quittait pas Léon à l’époque, car il devait subir les déceptions et les sarcasmes de ceux qui avaient beaucoup attendu après lui.
Vertigo, d’un point de vu étymologique, devait inspirer la réaction de ceux qui avaient à affronter Léon, lorsque, sans crier gare, il changeait de forme. Un pincement au cœur, le souffle court, un brusque sentiment d’angoisse, de vertige, et parfois même  une vague de tristesse qui semblait éclipser tout le reste.  L’idée que la faiblesse la plus intime avait été découverte. C’était cela sa force, mettre autrui face à lui-même.