keep calm and kill zombies . . .

 

Quel temps de chien. Voilà ce que Timéo était en train de se dire, assise sur le rebord de la fenêtre de son bungalow, observant l'extérieur en mangeant du beurre de cacahuète à pleine cuillère. Pourtant, à l'extérieur le beau temps régnait en maitre et c'était surement ça le problème. La belle n'avait jamais vraiment apprécié les jours de beaux temps, non pas qu'elle ait vécu un quelconque drame pendant une journée comme celle-ci, non, ne tombons pas dans les clichés les plus idiots, les fils de Zeus le font déjà très bien, inutile d'en rajouter, bref, rien de dramatique ne s'était joué dans la tête de la jeune femme, c'est simplement... qu'elle n'aimait pas ça. Quand il fait froid ou qu'il pleut, on sait quoi faire, on porte de jolis cols roulés, de beaux blousons imperméables tendance, des bottes de pluie fashion, tout est possible et tout est abordable. Par contre, lorsqu'il fait chaud... on a beau enlever tous ses vêtements (ce qu'on fait en généralement rarement, sauf si on a passé une soirée avec Dyonisos), on a beau se trimbaler avec une glacière collée aux fesses, on continue d'avoir chaud, encore et encore. Voilà pourquoi Tim' détestait ce genre de journée, elle préférait largement observer la pluie s'abattre sur le sol que sentir sa peau s'effriter sous la violence des rayons du soleil. Tout ça pour dire que la journée ne s'annonçait pas vraiment sous les meilleurs auspices, raisons suffisantes pour pousser la demoiselle à jouer à son sport favori : le voyeurisme.

Et puis, pour le coup, le beau temps allait lui donner un petit coup de main, étant donné qu'avec cette chaleur tous les fils d'Ares devaient être en train de se doucher, ou au moins de transpirer sur le terrain d'entrainement torse nu, que du bonheur en somme. Joviale à cette idée, Timeo décida même de partager ce petit moment de plaisir avec l'un de ses « amis », un fils d'Aphrodite, un fils qui n'était pas à la hauteur de la légende de sa mère, loin de là. Bon, ok, il était assez mignon, voire carrément beau, n'ayons pas peur des mots, toutefois, avec les filles, c'était une vraie quiche, le bougre n'était même pas capable de savoir s’il aimait les garçons, les filles ou les deux. Ce qui était mignon et effrayant en même temps. Grand cœur oblige -et admiration morbide pour Aphrodite aussi- , Tim avait très vite décrété qu'elle serait l'ange de l'amour de se fils indigne et justement, aujourd'hui, elle allait lui enseigner une énième leçon, à sa façon. Ni une ni deux elle se dirigea vers le bungalow d'Adam, une corde entre ses mains gantées, car oui, depuis quelques jours elle avait pris la décision de porter des gants en cuir sombre (et ce peu importe le tempsou comment passer davantage pour une cinccinglée... , c'était un bon moyen d'éviter les contacte physiques malencontreux, elle se demandait d'ailleurs comment elle avait fait pour ne pas y penser avant.

Sans plus de cérémonie elle entra dans la chambre d'Adam, évidemment, il ne la remarqua pas... puisqu'elle était en mode « invisible woman ». Elle prit place sur le rebord d'une fenêtre -elle aime les rebords des fenêtres- et apparut sans crier gare alors que son camarade enfilait un t-shirt, c'était un peu son paiement involontaire pour tout ce qu'elle lui apportait. Tim lui donnait des cours sur la séduction et il lui montrait ses abdos une fois par semaine, sans le savoir, plutôt équitable comme marché non? « Saluuuut! » Elle accompagna cette onomatopée par un large signe de la main. « Je passais dans le coin et je me suis dit que j'allais te passer un petit coucou!... Enfin, j'ai surtout besoin de toi, alors accroche toi à ce bout de corde, histoire que je puisse te rendre invisible sans continuellement de toucher, et puis go, on ira faire un tour dans les douches, je sens que tu en as besoin. » à part ça, elle n'est ni pipelette, ni autoritaire.

keep calm and kill zombies...

La journée avait été rude pour le petit Oméga qu’était Adam, ou plutôt très sportive. La matinée avait été consacrée à un cours de tir à l’arc (avec des flèches différentes des classiques, du genre celles qui se transforment en des milliers de fléchettes acérées quand on les lance), et l’après-midi à un entraînement de Crosse plutôt intensif, surtout pour les novices tels qu’Adam. Le garçon était en effet rentré au camp il y a un peu plus de six mois – il était arrivé le 24 décembre dernier – et il était encore en train de s’adapter au rythme de vie des Demi-Dieux. Bref, le vrai souci avait été qu’il n’avait presque rien mangé au déjeuner. En effet, leur avait été servi par les nymphes du camp des énormes cochons de lait. Or, Adam – ou Zafir plutôt – ne mangeait pas de porc. Pourquoi ? Il avait été élevé toute son enfance dans le respect de la religion musulmane, et en arrivant au camp il était supposé oublier tout cela ? Impossible. En plus, si Aphrodite et le reste de la clique existaient, pourquoi pas Allah et ses prophètes ? Alors Zafir ne mangeait pas de porc, ce midi-là il s’était donc nourri de salade et de pain. Rien de bien grave, il n’allait pas demander à ce qu’on change la manière  de cuisiner juste pour lui, il devrait juste prendre sur lui, et subir l’entraînement de Crosse sans rien avoir dans le ventre.

Mais maintenant, la journée se terminait. Enfin. Il était 18 heures, et si le soleil était loin d’être couché, le camp était beaucoup plus calme. Adam, lui, se douchait, dans la salle de bain de son bungalow. L’eau fraîche détendait ses muscles encore douloureux, et vidait ses pensées. Il en oubliait la faim qui lui tiraillait le ventre – il détestait grignoter entre les repas – et même le repas du soir qui était encore beaucoup trop loin à son goût. Après dix minutes passées à laisser couler l’eau, il se lava, et sorti enfin de la douche, nu comme un ver. Il accrocha une serviette autour de sa taille, et s’observa dans le miroir en pied accroché au dos de la porte. Il était assez beau, comme cela, ses muscles encore gonflés par sa journée sportive saillants et ruisselants d’eau fraîche, sa petite barbe de trois jours qu’il avait tous les matins la flemme de raser, il devait certainement plaire à la gente féminine – et masculine – mais en même temps, qu’attendre d’autre de sa part, c’est un fils d’Aphrodite, après tout ! Il incarne la beauté, le désir, la sexualité, et pourtant… Ceux qui le connaissent savent qu’il est très loin du cliché du demi-dieu rejeton de cette déesse, très loin même. Plus vierge que lui, ça n’existe pas : d’abord par conviction, et ensuite parce qu’il y accordait peu d’importance, Adam courrait sur sa 20ème année, et il n’avait dû embrasser que deux ou trois filles dans sa vie, sans que jamais ça aille plus loin. Demandez-lui s’il est hétéro, homo ou bi, il vous répondra qu’il n’en a pas la moindre idée, et qu’après tout, il s’en fiche un peu. Drôle de fils d’Aphrodite, hein ?

Bref, Zafir finit de se sécher et attrape son caleçon propre, un de ses préférés : il était noir et était agrémenté du symbole de batman, une chauve-souris jaune, sur l’arrière. Il sourit en l’enfilant, et sortit ainsi vêtu de la salle d’eau. Il se dirigea ensuite directement vers son placard, et enfila un t-shirt bordeaux qui lui tomba sous la main. A peine avait-il sortit la tête du col qu’il entendit une voix faire :

« Saluuuut! »

Adam sursauta violemment, et vit se dessiner sur le rebord de la fenêtre la silhouette d’une fille qu’il commençait à bien connaître (enfin ça c’est ce qu’il se disait jusqu’à ce qu’elle apparaisse sans crier gare au détour de sa fenêtre), Timéo O’Leary. Adam soupira, tentant vaguement de cacher ses parties intimes à l’aide de son t-shirt (ce qui ne servait à rien vu qu’elle était sûrement en train de l’observer depuis quelque temps), et fit :

« Nan putain Tim me fait pas des peurs comme ça c’est pas drôle, tu pourrais t’annoncer, j’sais pas, te gratter la gorge ou un truc du style »

Néanmoins, la demoiselle ne semblait pas apte à lui répondre, mais plutôt à blablater. Parce que oui, si elle passait le plus clair de son temps en mode invisible, quand elle ne l’était pas, c’était une véritable piplette.

« Je passais dans le coin et je me suis dit que j'allais te passer un petit coucou!... Enfin, j'ai surtout besoin de toi, alors accroche toi à ce bout de corde, histoire que je puisse te rendre invisible sans continuellement de toucher, et puis go, on ira faire un tour dans les douches, je sens que tu en as besoin. »
Elle avait besoin de lui, mais c’était lui qui avait besoin d’elle, hein ? Adam sourit devant le manque de sens de la sentence de Timéo. Il roula des yeux, néanmoins résigné, et fit :

« Attend deux minutes, je finis de m’habiller, tu ne vas pas me traîner chez les Arès sans que j’ai enfilé un pantalon ! »

En effet, Adam savait très bien ce que voulait faire Tim de sa fin d’après-midi. Elle voulait entraîner Adam voir les corps nus de différentes personnes au camp, filles et garçon. Pourquoi ? Elle voulait voir lesquels lui faisaient le plus d’effet. Alors il était obligé de mettre un pantalon. Il attrapa alors dans son armoire un jogging gris, au blason d’Harvard, l’université où il avait trimé pour rentrer avant d’être entraîné dans ce foutu camp des Sangs-mêlés. Il l’enfila, et attrapa la corde que Timeo lui tendait :

« Je l’accroche où ? Autour de la taille, du poignet ? T’es chiante, c’est bon tu portes des gants, on se touchera pas, je suis pas un animal quand même ! »

Tim avait quelques légers … soucis avec les contacts humains. Comment dire ? Elle ne les … supportait pas, tout simplement. Adam s’était pris des dizaines de baffes pour l’avoir simplement effleuré, et s’il ne comprenait absolument pas cette crainte, il tentait de ne pas la juger pour cela. Tentait, vous dis-je.

« Et je veux pas aller voir les enfants d’Arès, ils me saoulent. S’il te plaît, pas Arès. »