« Alors c'est quoi ton petit pseudo : la fée aux mille pseudos , sinon tu as quel âge : moins de vingt ans et tu viens d’où des Enfers, bien sûr... quoique, peut-être que je viens d'ailleurs en fait , non reviens ne pars pas encore, j'ai des questions, tu l'as connu où le forum : j'ignore où je l'ai trouvé la première fois, topsite ou partenariat . D'accord ! D'accord ! Continuons, as-tu des choses à dire sur le forum ? Tu l'aimes ? : il manque un peu d'informations dans les annexes, à mon sens, j'aurais volontiers joué un satyre sinon mais je n'ai rien trouvé les concernant . Une autre question et après j'ai fini, tu vas te connecter combien de fois par semaine : aucune idée, je suis une personne très prise, qui sait ce que l'avenir me réserve ? . »

Je ne possède pas grand-chose, en fait. J'ai reçu un médaillon en fer, suspendu à une chaîne du même matériel, en forme de spirale, de deux couleurs, rouge et gris, qui se met à tourner quand je l'utilise. Il me suffit de le laisser pendre devant les yeux de quelqu'un pour l'endormir. Cela fonctionne un peu comme un pendule, mais en beaucoup plus puissant : l'effet est en effet dû à la magie, et non au mouvement, et je sens que je suis connecté à la personne que j'ai endormie. Je l'utilise pour pouvoir me servir de mon pouvoir quand la personne est éveillée. J'ai également en ma possession un couteau de lancer qui m'est totalement inutile depuis que j'ai perdu ses frères, mais je le garde quand même pour une simple raison : c'est un cadeau de mon père adoptif, et il compte plus à mes yeux que toutes les armes que je pourrais acquérir.

Elle ne lui avait jamais dit qu'elle lui avait été infidèle. Peut-être aurait-elle dû lui dire que la paternité de l'enfant n'était pas assurée, qu'il pouvait très bien être le fils d'un autre. Mais sans doute, cela n'aurait contribué qu'à briser leur mariage, à ses yeux si idyllique. Elle ne pouvait pas expliquer cet égarement, elle en avait honte. Le tromper avait été la chose la plus irrationnelle à laquelle elle eût jamais pensé ; tout s'était déroulé comme si elle n'avait pas été réellement responsable de ses actes, comme si quelque chose s'était emparée de sa volonté pour la faire agir à sa guise. Certes, le jour où tout s'était produit, elle venait de vivre la seule dispute que son couple eût jamais connu. Elle n'aurait jamais osé dire non à l'homme de sa vie, mais ce jour-là, elle avait explosé. Après des mots durs, elle s'était réfugiée dans une discothèque, un endroit où elle ne se serait jamais rendue si elle n'avait pas eu peur de voir son mari débarquer. Elle savait qu'il ne viendrait jamais la chercher ici. Elle avait reçu un certain nombre de propositions, mais les avait toutes refusées, sauf une. L'homme avait un corps d'athlète, de magnifiques cheveux bouclés, d'un blond chatoyant, et des yeux gris perle scintillants comme les lumières de la discothèque. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fini par accepter de danser avec lui, mais l'alcool aidant, c'était vite allé plus loin. Il l'avait emmené chez lui, l'avait délicatement allongé sur son lit, et puis ils créèrent une nouvelle vie. Elle n'en eut pas conscience, ayant complètement jeté la prudence aux orties. Après l'acte, elle s'était endormie d'un profond sommeil, peuplé de rêves étranges dont elle ne comprenait pas le sens. Lorsqu'elle se réveilla le lendemain, elle était dans son propre lit, avec son mari à côté d'elle. Il parut surpris de la voir, quand il sortit à son tour du sommeil. Surpris, mais ravi. Ils étaient persuadés que plus rien ne pourrait les séparer.

Huit mois plus tard, la jeune femme s'était retirée dans une petite demeure, perdue au centre de la forêt amazonienne. La naissance de son enfant à venir commençait à l'angoisser sérieusement, et pour se préparer à l’événement dans le calme et la tranquillité, elle avait convaincu son mari de quitter Fortaleza pour le mois. Prise dans sa retraite spirituelle, elle passait son temps à réfléchir et à prier, se demandant qui pouvait bien être le père de l'enfant. Son mari, ou le bel inconnu dont elle n'avait plus vraiment le souvenir, mais qu'elle associait sans trop comprendre pourquoi au sommeil ? La question la hantait, et la future mère n'arrivait pas à se calmer. Elle s'abîmait dans la réflexion, espérant trouver une lumière qui la guiderait. Malheureusement, le silence autour d'elle était aussi lourd qu'une chape de plomb, et elle ne voyait pas où trouver la réponse à sa question. Il y avait une amie avec elle, une autre femme qui avait eu des enfants, quelques années auparavant, et qui les avait temporairement abandonnés pour la soutenir. Son discours n'avait rien de rassurant : à l'entendre, avoir un bébé était une chose horrible, comme si le ciel vous avait puni d'avoir créé une nouvelle vie destinée à souffrir. Et quand il grandissait, ce n'était guère mieux : une fois enfant, il ne cessait guère ses caprices, mais était en plus moins contrôlable, et n'arrêtait pas de faire des bêtises. La femme enceinte avait peur de ce qu'elle disait. Un jour, elle ne tint plus, et elle s'enfuit dans la forêt. Son amie réussit à la retrouver et à la ramener, mais le mal était fait : elle avait provoqué l'accouchement. La mère donna alors naissance à un petit garçon qu'elle appela Matheus. De retour à Fortaleza, elle dut subir le courroux de son mari, qui lui reprochait d'avoir précipité la naissance afin de ne pas lui permettre d'y assister. C'était faux, car involontaire, mais elle ne pouvait pas lui avouer la vraie raison de son trouble, se contentant d'expliquer que son amie lui avait fait peur, avec ses histoires de maternité. Le père de Matheus lui avait ri au nez.

Matheus ne ressemblait pas vraiment à ses parents. De sa mère, il avait hérité sa chevelure brune et ses yeux bleus, son nez et sa bouche rappelait aussi ceux de sa mère. Mais la ressemblance s'arrêtait là. Son père était un homme à la peau brune, avec des cheveux d'un brun presque noir et aussi bouclés que ceux du vrai père de Matheus, de petite taille, un peu corpulent ; Matheus promettait d'être grand et fin, avec un physique qui serait sans nul doute très avenant une fois qu'il serait grand. Pour sa mère, c'était évident : Matheus devait être le fils de l'inconnu, et promettait de dégager une aura dont aucun de ses parents n'étaient capables. Même dans son comportement, il différait beaucoup de celui qui était censé être son père. L'homme était quelqu'un de soigné, très calme, maîtrisant parfaitement la moindre de ses émotions, et froid comme de la glace. La seule chose que Matheus partageait avec lui, c'était son intelligence. Dès son plus jeune âge, Matheus avait tendance à prendre de l'avance sur les autres enfants, et il parlait même légèrement mieux qu'eux, même s'il ne fallait pas pour autant croire qu'il s'exprimait parfaitement alors qu'il n'avait pas encore cinq ans. Cependant, il s'en servait plus pour faire des bêtises – et sa mère grommelait souvent que son amie avait eu raison de l'avertir – que pour apprendre. Il détesta l'école dès qu'il eut l'âge d'y aller. Qu'est-ce que c'était pour lui ? Un endroit où il était obligé de se contrôler, de respecter des règles, et, surtout, de rester sagement assis pendant trop longtemps à son goût. Matheus avait été vu par un spécialiste qui avait déclaré qu'il était hyperactif. Si on ajoutait ce fait à la dyslexie dont il semblait souffrir, il n'était vraiment pas fait pour les études. C'était pourtant loin d'être un mauvais élève : il n'avait pas besoin de beaucoup travailler pour avoir des notes plus que satisfaisantes, à part dans les cours de langues ou de littérature, les seules matières où il rencontrait vraiment des difficultés. Là où cela posait problème, c'était au niveau de son comportement, que l'on considérait comme déplorable. Matheus fréquentait une école très réputée à Fortaleza, le genre d'endroits où se rendaient tous les fils de riches comme lui. Ses parents devaient faire appel à toute leur influence pour lui éviter un renvoi définitif. Et, avec le temps, Matheus se calma.
On ne peut cependant pas dire que cela marquait une évolution dans sa sagesse, ou une bêtise dans le genre. Matheus se calma plus par autocensure que par désir de bien faire les choses. Il avait tout pour être heureux, et pourtant, il ne l'était pas. Il avait en effet un véritable problème, qui n'avait rien à voir avec son hyperactivité ou sa dyslexie. Non, le problème venait plutôt de son père. Celui-ci soupçonnait Matheus de ne pas être son fils, mais n'en avait pas la moindre preuve. D'ailleurs, il ne voyait pas comment cela aurait pu se produire : il avait complètement oublié l'anodine dispute avec sa femme, et était loin de se douter qu'elle avait eu une aventure avec un autre homme pendant ce très court laps de temps. Ce n'était qu'une intuition qu'il était incapable de vérifier. La mère de Matheus préférait oublier ces détails, étouffant sa culpabilité aussi bien qu'elle le pouvait. Hélas, un tel secret ne peut que semer la discorde dans une famille. Le père de Matheus devenait plus froid, plus irascible encore ; sa mère se refermait sur elle-même, refusant de dévoiler ses pensées, s'efforçant de garder sa souffrance pour elle seule. Le garçon, lui, était pris dans cette guerre froide. Sa vie ne ressemblait plus du tout au petit paradis dont on pourrait s'attendre pour le fils d'un des hommes les plus riches du Brésil. Les exigences de son père augmentaient, et Matheus se bridait comme il le pouvait. Il n'en vint jamais à le détester pour autant, au contraire ; il admirait cet homme avec toute sa ferveur d'enfant, et aurait bien accepté d'être comme lui. C'était simplement au dessus de ses forces. Même avec son esprit affûté comme une lame de rasoir, le garçon ne pouvait pas rivaliser. Il contrôlait son hyperactivité à grand-peine, mais cela ne le réjouissait guère. Il étouffait presque sous le poids des attentes de son père.

Il eut douze ans, treize ans, quatorze ans. Ses pouvoirs ne s'éveillèrent pas. Bien sûr, Matheus ne pouvait pas savoir qu'il était un demi-dieu ; personne ne le lui avait dit, et sa mère ne pouvait pas savoir qu'elle avait couché avec Hypnos. L'étincelle ne jaillissait pas en lui. Cela n'avait rien d'étonnant : à force de se contenir, Matheus contenait aussi ce qu'il y avait de plus beau en lui, ce qui le rendait exceptionnel. A ses yeux, il était toujours quelqu'un de normal, mais en plus, de normal, hyperactif et dyslexique, ce qui le classait dans la case des gamins à problème. Matheus aspirait à autre chose qu'à sa petite vie bien rangée. Comme il était riche, il ne pouvait même pas sortir tranquillement dans la rue : ses parents le faisaient toujours surveiller étroitement, et pas que pour l'empêcher de faire des bêtises : on avait peur qu'il fût enlevé pour l'échanger contre une rançon ! Matheus ne rêvait que du temps où il serait libre de faire ce qu'il voudrait. Ce temps lui paraissait loin, mais il se promit de sortir de cette situation. Personne ne pourrait le rattraper, l'obliger à accomplir la volonté d'un autre : il ne subirait plus la moindre contrainte.
Dans ces eaux-là, à l'époque où les enfants grandissent et quittent le monde de la prime jeunesse, Matheus vécut sa première histoire d'amour. Ce fut un amour platonique, réciproque, entre deux personnes qui ne pouvaient pas se fréquenter. Matheus était en effet tombé amoureux d'une jeune fille de bonne famille, elle aussi très surveillée, qui ne passait jamais de temps seule, car un chaperon la couvait toujours. Impossible de l'approcher, mais elle était si jolie, si gentille, et elle avait un sourire qui le faisait fondre. Des années durant, il resta dans son coin à l'admirer, amoureux de sa beauté, mais aussi de sa personnalité, car elle avait tout d'une princesse. Matheus crut pendant longtemps qu'elle serait le seul amour de sa vie. Mais il n'avait guère confiance en ce sentiment : plus le temps passait, et plus le fossé qui s'était créé entre ses parents se creusait. Il lui fallait désormais accepter de croire que l'amour ne triomphait pas toujours dans la vie. Sa belle ne serait peut-être pas toujours cette agréable enfant qui lui semblait parfaite. Et cela sembla se vérifier : avec l'âge, la princesse devint une abominable marâtre, et Matheus connut ainsi sa première déception amoureuse. Comment une fille aussi géniale pouvait devenir une arrogante jeune femme ?

La vie de Matheus l'étouffait tant que, lorsqu'il eut dix-huit ans, il décida de s'en aller loin de chez lui. Comme il avait désormais accès à son compte en banque, et que celui-ci était, sans surprise, bien fourni, les fonds étaient aisés à trouver. Il contacta un faussaire talentueux, qui lui fit de faux papiers très bien exécutés, qui le vieillissaient de trois ans. Matheus n'avait pas envie de devenir étudiant, il trouvait cela plutôt ennuyeux. Un jour, il était chez lui, et le lendemain, il quittait le Brésil pour se rendre aux États-Unis, pays qui l'avait toujours fasciné. Sa vie changea du tout au tout. Désormais, il pouvait réellement vivre selon ses désirs. Matheus loua un petit appartement à proximité du centre de Las Vegas et commença à vivre pour de vrai. Joueur, il réussit à acquérir une petite fortune avant de décider de ne pas tenter plus la chance et de cesser de fréquenter les casinos – précisons également qu'il n'a heureusement jamais mis les pieds au Lotus Casino. Sa vie était devenue exactement celle dont il avait toujours rêvé, à savoir l'inverse de celle qu'il avait vécue jusque là. Il vivait la nuit, dormait le matin, ne se souciait pas du compte en banque ou de la respectabilité de ceux qu'il fréquentait, et se contentait de vivre selon ses propres désirs. Les exigences de son père étaient loin derrière lui. A présent qu'il était majeur, il était intouchable, et si son père le déshéritait, cela ne le dérangeait pas. Il n'était pas assez bien pour son père, il n'était pas digne d'être son fils.
Et à présent qu'il était libre de faire ce qu'il voulait, Matheus pouvait enfin libérer son pouvoir. Enfant d'Hypnos, tout commença le jour où il se rendit compte que le rêve qu'il vivait n'était pas le sien, mais celui d'un autre. Il ne comprit pas vraiment ce qui se passait, bien sûr, et quand il se réveilla, il songea que ce n'était qu'un rêve parmi d'autres. C'était avant de se rendre compte que son amour d'enfance était là, à Las Vegas, et qu'elle paraissait bien comprendre ce qui lui était arrivé. En réalité, elle n'était pas humaine : c'était une nymphe qui l'avait approchée afin de l'aider à mieux vivre cette révélation. Cependant, son humeur ne s'était pas calmée, autrement dit, Matheus vécut très mal cette transition. Il avait enfin la vie qu'il voulait, mais voilà qu'on l'obligeait à retourner à l'école, soi-disant pour être formé. Le cauchemar, pour Matheus. Il n'avait eu le temps de vivre que pendant un an.

Son arrivée au camp avait été très malheureuse. De nombreuses fois, Matheus avait tenté de partir. Mais quelque chose l'en empêchait toujours. Une jolie fille lui faisait un sourire qui lui donnait envie de rester. Ou il se prenait à apprécier trop un plat qu'il ne pourrait jamais manger ailleurs. Toujours des bêtises dans ce genre, il restait pour des broutilles, et ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. Il avait toujours été quelqu'un de très déterminé, ce n'était pas pour rester coincé avec des gamins tout contents d'apprendre qu'ils n'étaient pas normaux. Lui, cela le déprimait. Il admirait tant son père adoptif qu'il ne pouvait guère apprécier celui qui l'avait réellement mis au monde. Il n'en voulait pas à sa mère, se disant que, si un dieu lui avait mis la main dessus, elle ne pouvait pas y échapper. Au départ, Matheus se pensait le fruit d'un viol, avant de comprendre que sa mère avait été consentante pour engendrer un monstre... pardon, un demi-dieu, et encore, elle ne le savait même pas. Son vrai géniteur mit du temps à le reconnaître. Matheus s'en fichait bien, il aurait préféré ne jamais savoir au fond. Il trouvait cela plutôt décevant, d'être le fils d'Hypnos. Son pouvoir ne le satisfaisait guère, et il aurait préféré retourner à sa vie dissolue.
Cependant, le temps passa, et finalement, Matheus commença à se sentir bien au Camp. Jamais il ne l'aurait admis, mais il en était venu à considérer l'endroit comme sa nouvelle maison. Il avait fini par accepter le mystère de sa naissance, même si cela ne le réjouissait toujours pas. Matheus était plutôt heureux, mais un nœud de tristesse qu'il ne comprenait guère subsistait en lui. Quelque chose n'allait toujours pas au bout de quatre ans, mais il aurait été incapable de dire de quoi il s'agissait...