Je m’entraînais déjà depuis une bonne heure, à frapper comme une folle sur des mannequins d'entraînement à coup de hache, quand Lykkos arriva au camp d'entraînement, avec une foule d'épées à la main. En fait, elles étaient sous son bras mais ça, c'est un détail stupide. Génial, la leçon d'aujourd'hui porterait donc sur ça ! Depuis mon arrivée ici, je n'avais pas eu la chance de me pratiquer avec toutes les armes et l'épée en faisait partie. Par contre, selon ce que tout le monde raconte, les enfants d'Arès ont cette étrange capacité de comprendre parfaitement le maniement d'une arme dès la seconde où ils l'ont en main. Je n'avais pas encore testé cette théorie puisque, pour l'instant, je préférais en rester aux armes que je connaissais comme ma hache ou bien les poignards et les arcs, dont le maniement est assez simple.

Quand les autres élèves furent arrivées, nous étions 16 en m'incluant, j'avais compté, mon grand frère nous fit nous placer en cercle autour de lui et nous expliqua sur quoi porterait la leçon d'aujourd'hui. Les épées, évidemment, je le savais déjà. Il voulait que nous travaillons cette technique à deux. Sincèrement, j'aurais préféré m’exercer sur un mannequin, eux, j'ai le droit de les découper en morceaux. La mauvaise surprise que mon cher frère fit au groupe, c'était qu'il formerait lui-même les équipes. Il parlait, mais mon esprit était ailleurs, j'avais déjà envie de me battre, et j'y pensais énormément. Il fallait juste savoir qui allait être mon binôme et j'allais finalement pouvoir recommencer à frapper et à esquiver des coups. «Olivia Chester.» Pourquoi il prononçait mon nom lui ? Je le regardai d'un air confus, un peu agacée aussi, après tout, il m'avait totalement sortie de mes pensées. Il pointa Maya du doigt, cette rouquine que j'adorais détester. Elle avait tout pour elle. Jolie et intelligente. Mais, elle m'énerve énormément. Dieu (peu importe lequel) sait qu'elle m'énerve. «Moi ? Contre elle ? C'est une mauvaise blague c'est ça ?» Je me moquais littéralement, elle n'était pas de taille, j'avais peur de la casser en deux tellement elle était menue. Lykkos me regardait d'un air énervé, c'était pas son jour et, fallait pas que je le fasse chier. Je me dirigeai d'un pas lent vers Maya, en prenant une épée au passage. «Allez viens, t'es prise avec moi. Aussi bien commencer la séance de torture tout de suite.» Je ne voulais pas vraiment être méchante avec elle, mais, je n'arrivais juste pas à être sympathique, c'est tout ! Et, j'avais un peu peur de lui faire du mal pour tout dire. Mais je devais me montrer impitoyable, ici, elle était mon ennemie. Encore plus que dans la vraie vie. Nous étions face à face, chacune une épée à la main, prêtes à combattre. Lykkos donna un coup de sifflet pour nous dire de commencer, et, rapidement, je commençai un sprint dans sa direction, me promettant d'être impitoyable. Arrivée près d'elle, je réussis à prévoir son coup et donc, à l'éviter de justesse. Je m'étais trompée sur la jolie rousse. Elle n'était pas si faible que ce que je pouvais le croire. Elle allait peut-être me donner du fil à retordre.

En me remettant à la distance de 15 mètres réglementaire et sécuritaire pour les combats, je m’aperçus que j'avais réussi à toucher Maya au bras gauche, mais je ne lui avais fait qu'une entaille. Rien de bien grave. De toute façon, les règles du camp nous interdisais de blesser mortellement un autre pensionnaire. Si cette règle n'aurais pas été instaurée, je crois bien que plusieurs d'entre nous seraient déjà morts. Je pouvais bien voir dans les yeux de mon adversaire que cette blessure mineure ne l'arrêterait pas, cette fille était une battante évidemment ! Elle n'allait pas tomber sans donner le meilleur d'elle-même. Je dois avouer que je l'ai légèrement poussée avec mes remarques et tout, ça, ça doit lui avoir donner l'envie de me démolir et de me faire payer mon insolence. Après tout, elle est plus âgée que moi, elle ne doit pas avoir envie de se faire remettre à sa place par moi. «Alors Maya, qu'est-ce que tu va faire ? Tu veux que j'aille te chercher moi-même ?» Je voulais la provoquer, j'en avais besoin ! Je voulais qu'elle se jette sur moi, furieusement, qu'elle essaie de me faire du mal ! Cette fille m'apparaissait comme un défi. Je voulais me surpasser et la battre. Son regard ne m'inspirait rien de bon. Elle repoussa une mèche de sa tignasse rousse avant de commencer à courir dans ma direction, tenant son épée avec ses deux mains. J'essayais de prévoir sa stratégie mais, étrangement, je n'y arrivais pas ! Elle courait très rapidement et, perdue dans mes pensées, je n'arrivais pas à analyser ses mouvements et donc, prévoir ce qu'elle allait faire. Elle fendit sur moi comme un aigle sur sa proie et abattit sa lame, en visant mon bras gauche. Une revanche, bien pensé ! Je ne la croyais pas comme ça. Je n'eus même pas le temps de me déplacer pour éviter son coup, sa lame vient se planter dans mon bras, comme la mienne l'avait fait auparavant. Je la fixais dans les yeux, agrippant ses cheveux d'un main. «Bravo, c'était un beau coup ! Tu peux être fière de toi.» Je lui souris, malicieusement, avec une idée derrière la tête. Sans grands efforts, je me tassai sur sur la droite pour retirer la lame de mon biceps. En tirant sur ses cheveux, je la fis tomber par terre, ce qui me donna le temps suffisant pour m'éloigner d'elle et mettre une distance respectable d'environ 15 mètres entre nous deux. «Alors princesse, t'en a eu assez ou t'abandonnes pas ?» Je partis à rire, un peu comme les folles dans les asiles psychiatriques. La situation me faisait rire et Maya aussi me faisait rire. Cette jolie rousse, assise par terre, blessée au bras, me faisait pitié mais je n'avais pas envie de l'aider pour autant. C'était mon ennemie tant sur le terrain de bataille que dans la vraie vie. Dès notre première rencontre, je ne l'avais pas aimée.