Citation :

« Bon, alors, les cloportes, nous avons obligation de célébrer le 04 Juillet. C'est encore une lubie de Zeus '' afin de respecter les traditions du pays où nous vivons ''. Quand nous étions au Royaume-Uni, j'ai pas souvent vu Zeus manger du pudding ... Enfin bref ... Quoi ? Il y en a qui ne savent pas ce qui se passe le 04 Juillet ? Vous n'êtes pas nés aux U.S.A. ? Et alors ? Qu'est-ce que j'en ai à faire de votre vie sérieux, Alphonse ... Hein ... C'est Alexandre ? C'est ce que j'ai dit ! Bon, donc, je disais ... Ah oui, 04 Juillet ... C'est le jour de l'indépendance des Etats-Unis. Ils n'étaient pas suffisamment bien avec l'Angleterre, tout ça. Bref, donc fête de l'indépendance blah blah blah ! Il va avoir un feu de camp, un barbecue sera offert à tout le monde. Donc, bonne humeur, tenez-vous bien. Et si jamais des petits plaisantins s'amusent à faire des feux d'artifice, vous allez avoir affaire à moi ! C'est à vous en particulier que je m'adresse Blackwood ! Bon, maintenant, foutez-moi la paix, il va avoir mon épisode des Kardashian ... »

Étrange toute cette agitation, tout ce brouhaha causée par une simple fête, pour une date parmi les autres. Les anniversaires sont abstraits pour les sirènes, elles ne se fatiguent pas à retenir un jour au milieu des autres, ce devoir du souvenir importe peu, ainsi, Pàlina ne se souvient que vaguement de la date exacte de sa naissance. Elle se sait dans sa sept cent septième années, et le mois de son anniversaire elle se dira que ça y est, une nouvelle année sera écoulée. Et ce sera tout. Alors, voir tous ces gens s'affairer pour fêter un souvenir de leur pays, elle ne comprenant vraiment pas. Ils n'y étaient pas, certains venaient même d'ailleurs et ça ne les concernaient en rien. Aux yeux de la sirène ce n'était qu'un prétexte pour encore faire la fête, elle avait observé durant de très nombreuses nuits des humains en train de rire, danser, boire et manger jusqu'à l'aube, et plus encore. Ça avait l'air agréable de sautiller toute la nuit pour une raison sans grande valeur, les mortels étaient doués pour trouver des prétextes, ce soir donc, elle décida de se prendre au jeu.

Un peu inquiète mais très excitée par cette nouvelle expérience, elle demanda conseil à toutes ces prétendues demi-sœur qui commencèrent à se pomponner trois heures avant le moment du dîner. Pàlina se fit happer et, docile poupée de porcelaine entre les mains expertes de celles qui choisirent de ne pas la voir comme une rivale, elle sortit de là sans ressembler a un pot de peinture. Miraculeux. Une demi-sœur lui prêta une robe blanche, coupe mulet, légèrement bleu pastelle, dans un tissu très léger qui s'envolait à chacun de ses pas. L'avant lui arrivant au dessus des genoux, l'arrière glissant sur la peau de ses mollets.. Les bretelles de la robe sur ses épaules étaient fines et le haut ouvrait un décolleté qui n'avait rien de vulgaire. La peau hâlée de la sirène devait être vue selon les filles d'Aphrodite, pas besoin de fond de teint ou de couleur sur ses paupières, juste une trait de noir pour souligner ses yeux bleu, si bleu. Quand elle quitta le bungalow avec les autres elle était un peu mal à l'aise, tentant de marcher avec une paire de petit talon blanc, elle les abandonna avant même d'avoir fait deux mètres, elle marcherait pieds nus.

Le discours du grand brun,qui à priori gérait la colonie, ne résonna pas aux oreilles de Pàlina qui ne comprit pas grand chose, son attention étant porté sur le grand feu près du quel tout le monde alla quand l'orateur s'éloigna. La petite sirène suivit le groupe, ne passant pas tout à fait inaperçue au milieu de ce monde, elle avait perdu de vu ses quelques repères féminins, supportant difficilement les nombreux regards masculins qui eux, ne pouvait pas la perdre. Tournant autour des flammes qui la fascinait, elle tendit la main vers elle, sentant cette douce chaleur, les pointes de leurs dents brûlantes.. Pàlina se retira ensuite vivement, car à jouer ainsi avec le feu elle allait se brûler. Mais cet élément l'attirait depuis son arrivée sur terre, elle était l'eau et elle faisait face a son parfait opposé, c'était impressionnant. Tous ces humains capables de générer une flamme avec un bout de bois ou un petit boîtier, ça l'a terrifiait, mais ça l'attirait tout autant.

Le rouge lui monta aux joues à cause de la chaleur et elle se recula, direction le buffet et un grand saladier avec ce qui ressemblait a des frites plates. Elle en croqua une, puis deux, et enfin trois. Et comme c'était bon elle se trouva une petite assiette et la remplit de chips pour l'embarquer avec elle. Pàlina alla finalement s'assoir sur une grosse souche d'arbre, un tantinet à l'écart, afin d'observer ces mortels tout en mangeant des chips.

Cela faisait plus d'un an que Megara n'avait pas célébrer de fêtes nationales comme le jour de l'Indépendance. A vrai dire depuis ses 16 ans elle n'était jamais restée assez longtemps dans une famille d'accueil et elle n'avais jamais réussi à tisser de liens assez forts pour pouvoir fêter dignement les différents évènements qui rythmaient une année. Il y avait toujours une gêne, un froid et une distance qui la séparait de sa famille d'accueil actuelle. Noël devenait embarrassant, la veille du nouvel an était affreusement longue et les anniversaires étaient expédiés en vitesse comme s'il s'agissait de corvées peu appréciées. Peu importe les efforts qu'elle faisait elle n'avait jamais réussi à s'intégrer. Comment cela était possible quand on acceptait d'accueillir une jeune orpheline pour l'argent que cela allait nous rapporter et non pas pour l'amour qu'on allait pouvoir lui donner? Un soupir s'échappa de ses lèvres, elle regrettait amèrement le temps où sa grand mère était encore en vie.  Les choses étaient infiniment plus simples et plus heureuses. Elles s'étaient toujours parfaitement entendues et elles avaient l'habitude de passer toutes les fêtes ensemble à parcourir la ville où elles résidaient ou à se préparer des repas en l'honneur de l'évènement. Megara avait été dans l'obligation d'arrêter ces habitudes qu'elle chérissait tant au décès de sa grand-mère. Et maintenant la colonie proposait de fêter la jour de l'Indépendance. La jeune femme avait été stupéfaite de voir qu'un camps qui semblait vivre au temps de la Grèce antique voulait célébrer une fête aussi moderne et aussi américaine. L'idée lui avait parue étrange et elle avait longuement hésiter à y assister. Mais à force de voir ces nouveaux camarades préparer la fête et en parler comme si c'était tout à fait normal pour eux elle avait fini par changer d'avis. Elle vivait à la colonie à présent, elle commençait enfin à s'y sentir chez elle, il était temps qu'elle prenne de nouvelles habitudes et qu'elle accepte que sa place était ici désormais.

En voyant ses nouvelles demi-soeurs quitter le bungalow d'Hécate Megara décida qu'il était temps qu'elle finisse de se préparer. Elle n'avait pas très envie d'arriver en retard à la fête, elle avait eu assez de mal à gérer les regards qui avaient pesés sur elle lors de ses premiers jours à la colonie, elle n'avait pas très envie que cela recommence. D'un geste elle enfila une robe bleu marine qu'elle avait acheter lors de leur dernière sortie et choisie des sandales plates, le camps n'était pas assez moderne pour lui permettre de marcher avec des chaussures à talons sans risquer de se fouler une cheville à chaque pas. Elle marqua ses yeux bleus de noir pour en faire ressortir la couleur et teinta légèrement ses lèvres. Après une hésitation elle décida de laisser ses cheveux onduler librement sur ses épaules. Sans se donner le temps de réfléchir d'avantage elle glissa la bague offerte par sa mère à sa main droite et elle quitta son bungalow.

Le discours de Monsieur D. résonna distraitement à ses oreilles, elle ne s'était pas encore habituée à son caractère un peu spéciale et était toujours aussi surprise de voir à quel point rien ne semblait l'atteindre ou le concerner. Son discours terminé elle lança un regard circulaire autours d'elle pour tenter d'apercevoir quelques têtes connues parmi tous les sang-mêlés présent. De la musique purement américaine avait été lancée et la fête démarrait lentement mais surement. Tout avait été organisé avec soin, un grand feu de camp trônait au milieu de l'espace avec un buffet rempli de bonnes choses et la décoration dans les tons bleu, blanc et rouge respectait à merveille la tradition. Après quelques secondes de recherches Megara repéra enfin un visage connu et apprécié, se frayant un chemin parmi ses nouveaux camarades elle alla rejoindre Melyssandre qui semblait un peu perdue. En chemin elle attrapa un gobelet rouge rempli de punch, elle fit la moue en comprenant qu'il n'y avait pas la moindre trace d'alcool, vu le nombre d'enfants de Dionysos qu'il y avait cela l'étonnait. Arrivée près de celle qui était sa plus proche amie elle se posa à ses côtés.  « Salut mon chou, tu m'attendais? » Elle lui adressa un grand sourire faussement innocent. Malgré les apparences elle voyait bien que Mélyssandre n'était pas à l'aise, elles passaient tellement de temps ensemble que Megara pouvait décrypter ses expressions sans le moindre mal. Comme beaucoup ici -et comme elle- Melyssandre devait souffrir du manque de sa famille, les fêtes nationales étaient des traditions de familles et là elle devait être bien loin de la sienne. N'aimant pas voir sa meilleure amie triste Megara décida de ne pas aborder le sujet, lui changer les idées serait certainement une meilleure chose à faire et cela lui permettrait aussi de ne pas trop réfléchir à sa propre situation. Sans attendre elle attrapa le bras de la fille d'Iris pour l'entrainer à sa suite. « Allez viens, on est là pour faire la fête non?  » Elle prit la direction du grand feu de camps qui semblait faire office de barbecue géant. « On va essayer de piquer quelques marshmallow à faire griller. » Lui expliqua-t-elle d'une voix complice tout en lançant quelques regards autours d'elles pour repérer le but de leur expédition. « J'ai jamais testé, tu y crois? J'espère que je serais plus douée qu'au tir à l'arc. Ce serait embêtant que je mette le feu à tout le camps. » Elle adressa un grand sourire à la jeune femme avant d'éclater de rire. Elle avait un niveau particulièrement lamentable au tir à l'arc et c'était justement ce qui les avait rapprocher. Elle n'était pas assez bête pour penser que faire griller des marshmallow au bout d'une pique serait difficile mais elle était prête à lancer toutes les bêtises possibles pour faire sourire Melyssandre. Quelque chose lui disait que la soirée ne faisait que commencer, elle n'était pas à la colonie depuis longtemps mais elle avait fini par en connaitre les pensionnaires et elle se doutait que les choses n'allaient pas rester aussi calmes pendant longtemps. Et ce n'était pas plus mal. Ce n'était pas une vraie fête sans un peu d'animations.