C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

Love is blindness

Les étudiants sortaient de sa classe tandis que le soleil disparaissait derrière les arbres de la forêt. Aujourd'hui ils avaient parlés des différentes formes de magies et de l'impact qu'avait eut la sorcellerie sur le monde. Des sujets qu'elle trouvait passionnant, cependant il y avait pas foule dans ses cours ... Les demis-dieux aspiraient à devenir des héros, des légendes comme leurs créateurs, les sciences n'étant qu'une manière pour eux de passer le temps. Hécate était considérée comme une Déesse mineure et pourtant, elle était la mère de la magie qui peuplait ce monde. Nymeria en avait assez d'être sous-estimée, certes elle n'était pas une Olympienne comme son époux, mais elle avait elle aussi des dons particuliers. Elle salua d'un sourire poli la dernière élève puis quitta à son tour sa salle de classe sombre et ténébreuse. La demie-déesse portait une longue robe couleur rouge, taille empire, comme portait les femmes Grecques à l'époque de l'antiquité. Ses long cheveux châtains tombaient en cascade dans son dos et étaient décorés de quelques perles. Le décolleté était chaleureux, sans trop en montrer, suggérant juste que la jeune femme avait des jolies formes. Elle portait autour du cou une chaîne en argent, dont le pendentif représentait une demie-lune, symbole de Hécate et de sa magie. C'était un talisman, dont elle avait béni elle-même par magie. Des boucles d"oreilles pendantes aux sonorités orientales décoraient ses lobes; Mais le plus beau trésor étant la bague qu'elle portait à l'annuaire, symbole de l'union entre elle et Aëiden. La Sorcière remonta alors le camp en direction des bungalows, le petit coin d'Olympe qu'elle partageait avec son époux et sa fille. Vu l'heure, Aëiden devait encore être en train d'enseigner, elle poussa les portes de sa petite maison de bois pour trouver une nymphe en train de donner le biberon à sa fille. Un grand sourire illumina le visage de Nymeria qui s'empressa de venir prendre Chloé dans ses bras. Elle remercia chaleureusement la Nymphe qui prît alors congé.  « C'est l'heure du bain ma petite fée, après dodo ! » Elle embrassa le petit pied de sa fille qui se mît à glousser, se dirigeant avec elle dans la salle d'eau pour ces petits moments privilégiés qu'elle affectionnait tant.

Après avoir donné le bain à sa fille, elle l'emmena dans sa chambre pour la coucher avec douceur. Elle savait que Aëiden serait déçu en rentrant d'avoir manqué la cérémonie du couché, mais Nymeria se savait comblée. Il était un époux exceptionnel et un père formidable. Par moment elle était jalouse de la complicité qu'il avait avec Chloé, c'était la fille à son papa quoi ! Nymeria s'installa alors sur le rocking-chair près du berceau, câlinant son bébé dans ses bras pour l'aider à dormir. « Ferme tes jolis yeux ... Car les heures sont brèves au pays merveilleux, au doux pays des rêves. » Elle lui chantait alors une berceuse en observant le soleil se coucher derrière les persiennes semi-ouvertes. Après une bonne vingtaine de minutes, elle déposa le précieux petit ange dans son berceau, observant le fruit des dieux s'en aller dans le monde des rêves. Elle s'éloigna de sa fille pour finalement s'arrêter dans l'encadrement de la porte, jetant un dernier regard au petit ange endormis. Nymeria apporta ensuite la paume de sa main vers ses lèvres, soufflant dessus en direction des carillons qui pendaient au dessus du berceau. La sorcière manipula le simple soufflement pour le transformer en une brise légère et fraîche qui vînt animer le mobile au dessus du couffin et démarrer sa douce mélodie. Un dernier regard de mère et elle quitta la chambre. Direction la cuisine pour préparer le repas de son guerrier qui n'allait pas tarder à rentrer. Pendant la cuisson, elle se dirigea vers son atelier où il était strictement défendu d'entrer sans sa permission. L'endroit était son sanctuaire, là où elle faisait la plupart de ses rituels et ses pratiques occultes. La pièce était sombre, les murs recouvert de runes en tout genre et éclairés par des dizaines de bougies. Elle attrapa alors son grimoire posé sur un pupitre en bois, se posant sur le sol avec pour en feuilleter quelques pages. En ce moment, elle essayait d'augmenter ses pouvoirs en s’exerçant à la lévitation. Sur le sol était disposé plusieurs bougies noires et blanches en cercle, elle s'y coucha alors au centre, yeux fermés, méditant. Elle murmurait des incantations en grecque ancien, agitant doucement les doigts afin de créer une brise. Elle s'imaginait légère comme l'air, comme une plume ou une bulle de savon. Plus elle psalmodiait, plus la brise prenait de l'ampleur, faisant danser le feu autour d'elle. Son corps s'éleva alors de quelques centimètres au dessus de sol, ses chants de sorcière résonnant presque jusqu'à la cuisine où Aeïden venait de rentrer. Elle n'aimait pas spécialement pratiquer la magie lorsqu'il était là, elle retomba doucement sur le sol en rouvrant les yeux. C'était très fatiguant ... Elle se releva et souffla sur une bougie, les autres s'éteignant automatique comme par magie.

Elle quitta son autel puis son sanctuaire pour rejoindre les salles de vies communes. Il était là, beau comme au premier jour, ce n'était pas le sang de n'importe quel Dieu qui coulait dans les veines du bellâtre. Elle savait très bien qu'il avait entendu son rituel, il comprenait aussi bien qu'elle le Grecque. Elle s'approcha de lui, se hissant jusqu'à ses lèvres pour les honorer pleinement et amoureusement. Elle mît fin au baiser, caressant avec douceur la joue de Aëiden.  « Bonsoir, tu rentres pile quand le dîner est prêt ! » Elle lui adressa un sourire doux tout en regagnant sa place près des fourneaux pour poser les succulents mets qu'elle avait préparée sur la table. Nymeria aimait bien cuisiner, ça la détendait et elle se sentait ' normale ' . Elle servit une coupe de vin à son époux et une pour elle, s'installant sur une chaise pour commencer l'apéritif. « Ta journée a été bonne ? Chloé était fatiguée alors je l'ai couchée, mais si elle pleure cette nuit, t'auras qu'à y aller ! » Refourguer les tâches ingrates ! Ils avaient toujours fait ça entre-eux ! Elle lui adressa un sourire amusé pour le narguer, apportant sa coupe à ses lèvres.  

Hopelessly I'll love you endlessly; hopelessly I'll give you everything; but I won't give you up; I won't let you down; and I won't leave you falling; if the moment ever comes

Endlessly

Un jour nouveau. Les nuages pesaient sur nos têtes. Les dieux n’étaient pas contents ? Peu importe. Cela ne me regarde pas ; à vrai dire je m’en foutais. Je me sentais bien, car j’allais commencer mon premier cours. Et j’aimais cela. Transmettre mes connaissances, ma maîtrise, je ne considérais rien de plus honorifique. J’en étais fier. Et c’est avec fierté que j’accueillais mes élèves. J’espérais être un bon professeur à leurs yeux. Autrefois, j’avais soif de connaissances. Aujourd’hui, je souhaitais transmettre à ces individus hors du commun, cette même envie d’apprendre. « Bien. Merci à tous d’être présents. Aujourd’hui, nous allons voir les parades. Qu’est-ce qu’une parade ? Eh bien, c’est un moyen de défense. Au combat à la lame, il ne s’agit pas du premier moyen défensif, le premier étant la retraite. L’avantage de la parade, est qu’elle vous permet, lorsqu’elle est correctement exécutée, de reprendre la priorité d’attaque. Il existe huit parades : la prime, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septime et l'octave. Nous distinguons deux types de position de l’avant-bras : La pronation et la supination. Selon chacun de ces deux types, sont associés quatre parades. Vous êtes en pronation lorsque votre paume de la main est dirigée vers le sol, et en supination, lorsque votre paume de la main est dirigée vers le ciel. A savoir qu’il existe également les parades circulaires, que nous verrons dans quelques cours. » Fis-je calmement, en faisant des allez-retours devant les multiples lignes d’élèves qui se trouvaient face à moi. « Je sais que vous avez envie de pratiquer, donc je vais m’arrêter de parler et nous allons passer à la pratique. Lloyd, approche-toi, pour la démonstration. » Demandai-je au jeune homme qui me semblait être le plus efficace depuis plusieurs cours. Sa patience et sa modestie lui donnaient énormément de noblesse dans sa manière de combattre. Cependant, pour être un grand combattant, il est nécessaire de posséder une rage au fond de soi, ce qu’il n’a pas. « Nous allons travailler en supination, donc paume vers le haut. Les quatre parades sont les parades de sixte, quarte, octave et septime. Pour les connaître, visualisez une croix en forme de plus devant vous. Le nord-est correspond au sixte, le nord-ouest au quarte, le sud-ouest au septime, et le sud-est à l’octave. Sors ton épée, nous commençons. » Déclarai-je enfin. Lloyd sortit son épée. Quant à moi, je fis appel à ma capacité de photokinésie. Un Halo de lumière entoura alors ma main droite, poing fermé, grandissant de plus en plus. Subitement, le halo vint s’insérer dans le creux de ma paume. L’intense lumière commença à prendre forme, et termina par devenir une épée lumineuse, au teint doré. Je levais me garde. « Vas-y, attaque moi. Et varie tes axes d’attaques. » Lançai-je sereinement au jeune homme. Celui-ci empoigna fermement son épée, et entreprit de m’approcher par petits pas. Il entama une attaque sur mon flanc droit, que je parais sans difficulté, poussant légèrement sa lame afin de me donner un angle d’attaque. Aussitôt, j’amenais ma lame jusqu’à son cou, l’arrêtant à un petit centimètre. La lumière provenant de mon épée éclaircissait son regard, faisant éclater au grand jour sa surprise. Je repliais mon bras. « A mon tour de t’attaquer. » Déclarai-je. Mon bras était tendu le long de mon corps, et subitement alors qu’il ne semblait pas s’y attendre, j’attaquais sur son côté gauche, au niveau du bassin. Il para mon coup à ma grande surprise. Sans lui laisser une quelconque marge d’action, j’enchaînais les assauts variant du côté gauche et droit, ainsi que la partie haute et basse de son corps. Je lui assenais ces coups sans lui laisser le moindre répit, le faisant reculer jusqu’à quasiment coller le reste des élèves. C’est alors qu’il repoussa mon attaque avec suffisamment de hargne pour lui permettre de contre-attaquer, le jeune homme faisant glisser sa lame dans l’air, le fouettant pour s’immiscer jusqu’à ma gorge, là où sa lame s’arrêta à la même distance que ma contre-attaque précédente. « Tu vois quand tu veux ! Bien. J’espère que vous avez tous compris. Vous commencerez par faire des groupes de deux. A chaque fois que le défenseur parvient à contre-attaquer, vous inversez les rôles. Dans trente minutes, nous passerons à des groupes de trois, afin de vous mettre en situation de combat multiple. Bonne chance ! » Terminai-je alors. J’éteignis alors la lumière animant ma lame, et croisa les bras sur mes pectoraux, vagabondant parmi les différents groupes d’élèves afin de les encadrer. Je m’arrêtais lorsque cela était nécessaire, afin de corriger leur tenue d’arme, ou leur position que ce soit des bras, du torse, ou des jambes. Choses qu’ils devraient maîtriser, du fait de tous les cours précédemment axés sur ces points…

Environ deux heures plus tard, j’annonçais la fin du cours. Je remerciais tous ceux ayant été présents et ayant fait preuve de bonne volonté durant les différents exercices. A vrai dire, ils l’avaient tous été, ce qui ne manquait pas de me faire plaisir. Désormais, mes pensées quittèrent tout ce qui concernait l’enseignement, alors que les élèves s’éloignaient de l’endroit. En effet, mes pensées se regroupèrent en un seul point. Celui de ma famille. De ma femme, et de ma fille. Elles étaient ma principale raison de survie, me donnant la force de me battre pour un monde meilleur. Pourtant, je ressentais un manque. Un manque de présence parental. Ma défunte mère me manquait terriblement, alors que pourtant je ne la connaissais pas. Mais par-dessus tout, je manquais d’une figure paternelle. C’était assez ironique, lorsque j’y pensais. Ma génitrice était décédée, pourtant je manquais plus de mon géniteur. Pour cause, Artémis avait très bien su être la mère dont j’avais besoin. Tandis qu’Apollon, n’était autre qu’un lâche fornicateur de seconde zone, ne pensant qu’à se faire plaisir, sans en assumer les conséquences. Je ne le montrais d’aucune manière, mais dans le fond, j’avais un esprit torturé. Torturé d’être né demi-dieu, et d’avoir été responsable du décès de ma mère. J’étais honoré d’être de ce sang, je l’ai toujours dit et continuerai de le dire. Mais à quoi bon être honoré d’un rang, s’il vous manque l’essence même de votre existence, conduisant à ce dit rang. C’est en rentrant à mon domicile, que mes pensées fusèrent maladroitement de part et d’autre de mon esprit, tel un envolé de papillons virevoltant malgré le vent. Je pénétrais alors dans le foyer familial, percevant des paroles de rites prononcées par ma douce épouse. Un léger sourire en coin habilla mes lèvres. Elle m’excitait quand elle jouait à abracadabra… Elle me rejoint dans la cuisine, où je pouvais aisément m’enivrer d’une douce odeur. Celle de plats délicatement concoctés, comme celle de son parfum naturel. Elle s’approcha de moi et se hissa pour venir me voler un baiser. Son sourire entouré de rides d’expressions m’envoutait. La profondeur de son regard m’enivrait. Sa main à la peau douce caressa ma joue. « Bonsoir, tu rentres pile quand le dîner est prêt ! » Me lança-t-elle de sa voix pleine et amoureuse. Elle disposa ce qu’elle avait préparé sur la table, avant de nous servir une coupe de vin chacun. On s’installa alors sur les chaises entourant la table. « Ta journée a été bonne ? Chloé était fatiguée alors je l'ai couchée, mais si elle pleure cette nuit, t'auras qu'à y aller ! » Rajouta-t-elle, une légère agressivité dans le ton. Ceci n’étant que dans le but de se donner de l’assurance, et de ne pas me donner le choix… « Nyyy’ ! Tu sais bien que j’adore l’embrasser pendant dix minutes non-stop le soir ! Et là elle dort, et je peux pas. Vilaine. Je vais mal dormir ! » Fis-je, faussement rancunier. Puis, de pensées coquines me traversèrent l’esprit, ce qui fût rapidement traduit par un sourire communicatif et un regard lubrique. « Sinon… On n’aura qu’à passer le temps. Une nuit blanche ne serait pas difficilement supportable… Qu’en dis-tu ? » La questionnai-je, sans attendre de réponse.  Son simple regard me donnait la réponse à cette question. Elle se leva alors, la coupe de vin dans la main, et s’approcha lentement de moi, d’une démarche féline. Je m’écartais un peu de la table, afin qu’elle puisse s’asseoir sur mes genoux. Elle entoura mon cou de ses bras fins, et avec un sourire, elle vint déposer ses lèvres fruitées sur les miennes, partageant alors la passion d’un baiser plein d’amour. Après quelques instants, nos lèvres se délièrent à nouveau. Je lui signifiais par un petit mouvement que je souhaitais me lever. « Je m’en fous j’vais voir Chloé ! » Déclarai-je tel l’enfant que je pouvais être. Je courrai alors lentement vers sa chambre. Arrivé devant celle-ci, j’ouvris délicatement la porte en veillant à ne pas faire de bruit. Je m’approchais de son berceau, et me pencha en avant afin de déposer un baiser tendre sur son front. « Bonne nuit petit ange… » Soufflai-je à ses oreilles innocentes. Je regagnais alors la cuisine, des idées plein la tête.

« Chérie, je te propose un petit plan… Que dirais-tu de demander un babysitter pour la nuit, on emballe tout ce que tu as préparé, et on file déguster tous ces bons plats dans la forêt, prêt de la rivière ! » Lançai-je, alors qu’elle approuva l’idée rapidement, un regard amoureux croisant le mien. Je quittais le domicile afin d’aller chercher la nymphe pour s’occuper de Chloé. Je lui annonçais qu’il fallait juste être présent dans la maison, Chloé dormant déjà à poings fermés. Elle accepta aussitôt, pensant à l’argent facile qu’elle pouvait se faire. J’accourus dans la cuisine de mon foyer, où Nymeria terminait d’emballer notre dîner. Nous laissions alors la nymphe prendre ses aises, alors que j’attrapais la main de Nymeria, l’entraînant jusqu’à l’extérieur du camp, discrètement. Marchant quelques minutes pour atteindre la rivière, nous déposâmes un plaid sur le sol afin de s’asseoir proprement. La lune se reflétait sur la surface de l’eau, tandis que je disposais dans les arbres, quelques boules de lumières chaleureuses, les faisant virevolter telles des bougies. J’ouvris une nouvelle bouteille de vin et en servis deux coupes, dont j’en donnais une à Nymeria. Nous partagions un instant magique comme il se faisait rare depuis la naissance de notre petite Chloé.

Mais à quel prix ?
 

C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

the night is dark and full of terrors

Ils étaient tous les deux des enfant divins, un destin exceptionnel les attendaient plus tard et pourtant, ce soir, ils avaient l'air d'un charmant petit couple de mortels. Nymeria avait besoin de ressentir cette normalité dans sa vie, après tout sa mère était une Déesse et son père un humain. La sorcière avait manquée d'une famille toute sa vie, comme beaucoup de sangs-mêlés. Il était hors de question que Chloé grandisse dans les mêmes circonstances, qu'elle soit privée d'amour comme ses parents, orphelins, qui auraient toujours en eux ce vide au coeur. Aucuns enfants ne méritaient ça, certainement pas sa fille. Nymeria faisait tout pour lui donner l'amour qu'elle n'avait pas eu, son père en faisant autant, Chloé était donc entourée d'amour et de protection. Mais au fond d'elle, ce c'était pas la vie qu'elle souhaitait pour sa fille, vivre dans ce camp, à l'écart du monde ... Mais ils n'avaient pas le choix, ici ils étaient en sécurités. Elle retrouvait donc chaleureusement son époux après une longue journée, ses angoisses s'en allèrent lorsqu'elle croisa le regard de Aëiden, son beau guerrier ! Elle n'aimait pas être séparée de lui trop longtemps, même si la pierre de lune qu'il portait l'a rassurait un peu.  « Nyyy’ ! Tu sais bien que j’adore l’embrasser pendant dix minutes non-stop le soir ! Et là elle dort, et je peux pas. Vilaine. Je vais mal dormir ! » Nymé' adressa un sourire doux à son maris tandis qu'elle buvait une gorgée de vin. Il était d'ailleurs très rare que Chloé s'endorme sans Aëiden mais ce soir, elle semblait être fatiguée. Elle soupçonnait d'ailleurs la nymphe de négliger les siestes de la petite ! Enfin, elle verrait ça plus tard. « Sinon… On n’aura qu’à passer le temps. Une nuit blanche ne serait pas difficilement supportable… Qu’en dis-tu ? » Elle croisa alors son regard, n'ayant pas besoin d'être sorcière ou télépathe pour comprendre où il voulait en venir. Nymeria se leva pour rejoindre Aëiden en face d'elle, se posant délicatement sur les genoux de son homme en plongeant son regard dans le sien. Un sourire, un baiser ... « Je ne serais pas contre ... » Elle caressait doucement sa nuque du bout de ses doigts afin de profiter de ce petit moment de tendresse, mais de calme surtout. Elle se savait chanceuse d'avoir un homme comme lui près d'elle, elle remerciait les esprits tous les jours. Mais surtout, elle se sentait aimée et en sécurité avec lui. Le fils de Apollon fit alors signe à sa femme de se lever, elle s'exécuta alors en replaçant une de ses mèches brunes rebelles derrière l'oreille. « Je m’en fous j’vais voir Chloé ! » Elle laissa échapper un léger rire d'entre ses lèvres tandis qu'elle retournait près des fourneaux pour nettoyer un peu. Elle jeta un regard par la fenêtre, observant alors la lune pleine trôner fièrement après son prédécesseur le Soleil. Apollon laissant son règne à Hécate pour la nuit. Elle observait la boule de lumière, se demandant si sa mère était quand même fière de sa fille. Ses soeurs devaient être certainement les préférées de la Déesse de la Magie. En épousant Aëiden, elle était allée à l'encontre des avertissements de sa mère, tout comme son époux envers son géniteur. Mais elle se moquait bien de l'approbation des Dieux, ils ne souciaient que d'eux-mêmes.

« Chérie, je te propose un petit plan… Que dirais-tu de demander un babysitter pour la nuit, on emballe tout ce que tu as préparé, et on file déguster tous ces bons plats dans la forêt, prêt de la rivière ! » Nymeria était partante ! Après tout ils n'avaient pas eut de lune de miel, dû moins pas comme ils l'auraient souhaités. Aëiden s'occupa alors de rappeler la Nymphe tandis que Nymé préparait le pique-nique. Elle emballa soigneusement les mets dans un panier d'osier, glissant une bouteille dans celui-ci. Depuis la naissance de Chloé, ils ne faisaient plus rien ensemble, ce n'était pas très bon pour un couple mais normal après l'arrivée d'un enfant. En tant que mère, elle avait toujours ce petit pincement au coeur d'abandonner sa fille, mais elle devait aussi s'occuper de son maris. De plus elle était en sécurité ici, elle le savait. Elle lança un dernier regard inquiet vers la chambre de sa Chloé puis elle se laissa entraîner à l'extérieur par Aëiden, mains dans la mains. Ils quittèrent le camp pour rejoindre la forêt, trouvant un petit coin paisible près de la rivière où ils installèrent leur petit campement. La nuit était douce mais sombre, malgré la lune pleine, elle regarda son époux créer des sphères de lumière autour d'eux pour éclairer l'endroit. Elle observait, émerveillée, les lumières scintiller autour d'eux. C'était magique, romantique. Ils étaient loin des chamailleries de leurs adolescences ! Assise près de lui, elle profitait du moment, buvant ce délicieux nectar tout en remplissait ses yeux de visions divines et son coeur d'amour. Elle se coucha alors près de lui, posant sa tête sur son épaule en observant les étoiles, bercée par le bruit des criquets. « Ça fait du bien de se retrouver un peu tous les deux. N'aurais-je pas négligé mon époux ces derniers temps ?» Elle se redressa alors pour l'embrasser, glissant ensuite dans sa bouche un raisin. Bien que tout ça soit idyllique, quelque-chose tracassait la sorcière. N'étant pas du genre à garder les choses pour elle, Nymeria en fit part à Aëiden. « Tu t'es déjà demandé de qui Chloé hériterait ? De la lune ou du soleil ? Peut-être qu'elle est mortelle aussi ... Je ne connais aucun couple de sangs-mêlés qui ont eu un enfant.» Elle caressait doucement l'avant-bras du bellâtre tout en réfléchissant à la chose. Demie-déesse ou mortelle, elle était certaine que leur fille ne serait pas ordinaire, peu importe les dons qu'elle aurait.

Elle se redressa pour venir se mettre sur Aëiden, un sourire coquin aux lèvres. Ses yeux bleus pénétrèrent alors ceux de son maris, se penchant pour l'embrasser amoureusement. Elle laissa glisser lentement les bretelles de sa robe jusqu'à sa taille pour dévoiler sa généreuse poitrine moulée dans de la dentelle rouge. Elle embrassait son cou tout en caressant le torse magnifiquement bien dessiné du demi-dieux, prête à refaire un deuxième enfant ! Rien ne pourrait troubler ce petit moment d'intimité, laissant Aëiden répondre à ses baisers et caresses. Elle bascula sur le dos, laissant son homme la dominer, les yeux fermés, désireuse d'aller plus loin. Elle rouvrit un instant ses iris pour être confrontée à la lune, un frisson parcourut alors son corps tandis qu'un cercle rouge entourait la lune. Chez les scientifiques, ce n'était qu'un simple halo de lumière mais chez les Sorcières, c'était tout autre, du sang sur la lune, signe qu'un malheur allait se produire. Elle rompit alors le baiser, plongeant ses yeux dans ceux du demi-dieux, inquiète. « Attends il y a un problème ... Du sang sur la lune, on devrait rentrer. » Pour Aëiden, ce serait certainement que des superstitions à deux franc, mais pas pour elle, Nymeria prenait très au sérieux ce genre de présage. Même les criquets s'étaient arrêtés de chanter, la forêt étant bien trop silencieuse à son goût. « Arrête de t'en faire, tout vas bien, détends-toi un peu. » Peut-être qu'il avait raison, c'était son instinct de mère qui lui jouait des tours. Elle lui adressa un sourire en encadrant son visage entre ses mains pour l'embrasser avec fougue, enlaçant alors son dos avec ses jambes pour l'attirer entre ses cuisses. Alors qu'elle commençait enfin à se détendre, un bruit de feuillage suspect mit fin à l'étreinte du couple. Nymeria se releva alors, lançant un regard inquiet à Aëiden quand tout d'un coup, sortant de nulle part, une créature ailée envoya valser violemment contre un tronc d'arbre le fils du soleil. Son visage se voila d'une expression d'horreur tandis que sa vision était troublée, complètement sonnée. Un cris strident perça le silence de la nuit, une Furie ... Elle courra alors vers lui mais une deuxième créature s'empara de Nymeria, l'emmenant avec elle dans les airs. Charmante soirée en perspective ... N'étant pas du genre à se laisser faire, sans armes, elle se débattit aussi fort qu'elle pouvait pour se défaire des griffes de la furie, tombant alors rapidement en direction du sol. Elle tendit les mains, invoquant l’élément de l'air pour l'aider à ralentir sa chute. Elle embrassa le sol avec fracas mais sans blessures. Pourquoi ces saloperies étaient là ? Elle voyait plus Aëiden, étant tombée à une centaine de mètre de lui. Elle se releva alors, courant en direction de son époux, esquivant comme elle pouvait les attaques de cette démone ... La deuxième devant certainement s'occuper du demi-dieux.

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the night is dark and full of terrors

Le doux vent de la nuit venait caresser mes joues, sans pourtant parvenir à m’extorquer le moindre frisson. Fils d’Apollon, je ne connaissais que trop bien la chaleur. Qui plus est, étant le mari d’une femme telle que Nymeria, cela ne laissait nullement place à une quelconque froideur sensoriel… Nous pouvions entendre le chant de la forêt et de ses créatures magiques. Douce mélodie atteignant nos oreilles, manquant de nous plonger dans les bras de Morphée et le monde idyllique des rêves, telle une berceuse. Les lumières précédemment créées planaient majestueusement au-dessus de nos têtes. Je risquais un regard à la lune qui se voulait pleine. Lorsque je l’observais, j’avais l’impression de regarder directement Hécate, et celle-ci ne me portant pas dans me cœur, je craignais un quelconque signe ne présageant rien de bon. Logique successeur du Soleil, symbole de mon géniteur Apollon. En un sens, il me semblait tout à faire naturel et dans l’ordre des choses, qu’Apollon soit un Olympien et Hécate une déesse mineure. Après tout, qu’est-ce que la lueur de la lune ? Le simple reflet de la lumière projetée par la puissance du Soleil, rencontrant la surface de ce satellite qu’est la Lune. Nos yeux, à Nymeria et moi, reflétaient aussi bien la lueur de la lune, que celles des lumières étant nées de mon propre fait. J’aimais ce dont j’étais capable. Ma seule limite, en plus de la taille de mes créations, résidait dans mon imagination. Le contrôle de la lumière permettait de réaliser tout ce dont je rêvais, dans une moindre mesure. L’instant était des plus magiques et romantiques. Je vivais et brûlais d’amour pour la jeune femme à mes côtés, mon cœur vibrant à sa vue, à la sensation de son parfum caressant mes narines, de ma peau contre la sienne, de la douceur et la mélodie de sa voix. Je restais suspendu à ses lèvres, autant lorsqu’elle me soufflait quelques mots, que lorsque nous partagions un baiser tendre et amoureux. Il était étrange de constater à quel point deux êtres pouvaient avoir, d’un instant à l’autre, une relation bien différente, au fil du temps. Ce même temps, qui dans un premier temps nous avait donné force de chamaillerie, rivalité, et qui aujourd’hui nous avait donné un amour passionné, et une petite fille scellant notre avenir.

Assise à mes côtés, nous profitions de l’instant présent, dégustant avec lenteur le doux breuvage qui nous été donné de boire. Elle se rapprocha finalement, venant déposer sa tête délicate sur mon épaule robuste, sa chevelure venant chatouiller ma peau. J’en avais presque oublié la douceur de ses cheveux légèrement bouclés. Il était vrai que ces six derniers mois n’avaient pas spécialement joués en notre faveur, côté couple. Le fait d’être parents nous empêchait de partager ces moments intimes comme autrefois, ce qui me manquait au plus haut point. Cela va sans dire que j’aimais Chloé autant que j’aimais Nymeria, et que pour rien au monde je ne souhaiterai revenir à ma vie passée. La petite fille révolutionnait nos vies, comblant d’amour nos cœurs divins. « Ça fait du bien de se retrouver un peu tous les deux. N'aurais-je pas négligé mon époux ces derniers temps ?» Souffla-t-elle délicatement à mes oreilles. J’esquissais alors un sourire désolé et nostalgique. Elle se redressa aussitôt, lui permettant de venir capturer mes lèvres contre les siennes, fruitées par le vin que nous dégustions. Après quoi, elle attrapa un raisin, fruit des dieux, qu’elle glissa fougueusement dans ma bouche, ne manquant pas de caresser mes lèvres du bout de ses doigts. « Il est vrai que la naissance de Chloé a changé notre mode de vie. Mais je ne regrette rien. Cet enfant est le nôtre, et peu importe ce qu’il peut arriver, je demeurerai amoureux des deux femmes de ma vie. » Déclairai-je dans un seul souffle, lui adressant un sourire, alors que j’attrapais une mèche de cheveux afin de la lui déposer derrière son oreille fine. Toutefois, son expression me laissait perplexe. Je connaissais parfaitement mon épouse, et je sentais à son regard que quelque chose n’allait pas. Son esprit était préoccupé, par des questions auxquelles elle n’avait pas de réponses. [color=#F08080 « Tu t'es déjà demandé de qui Chloé hériterait ? De la lune ou du soleil ? Peut-être qu'elle est mortelle aussi ... Je ne connais aucun couple de sangs-mêlés qui ont eu un enfant.»[/color] Fit-elle dans un soupir, alors qu’elle se mettait à caresser mon bras de ses doigts fins. « Mon amour, ce mystère ne rend-il pas sa croissance plus intense ? Peu importe de qui elle héritera, notre amour envers elle ne changera jamais. Qu’elle soit du signe du Soleil, de la Lune ou bien des Mortels, le jugement des habitants de l’Olympe n’affectera en rien la façon dont nous la considérons. » Lançai-je, ayant pour espoir de la rassurer.

Nymeria se redressa alors, sans transition. Elle vint se poser sur moi, un regard lubrique un sourire coquin habillant son visage. Ses yeux bleus me traversaient littéralement, et mon sourire se brisa aussitôt pour laisser place à une expression pleine et pure d’amour et de tendresse. Alors qu’elle se penchait pour m’embrasser amoureusement, je sentais le tissu de sa robe glisser sur sa peau jusqu’à tomber sur mes avant-bras, posés de part et d’autre de son bassin. Ses courbes étaient dignes d’une déesse, Aphrodite elle-même pouvait en être jalouse. Hécate quant à elle pouvait être fière, d’avoir engendrée une nouvelle merveille sur ce monde. Une merveille qui était mienne. Sa bouche naviguait sur mon cou, tandis que la mienne dessinait les traits de son épaule, mes mains caressant son dos du bout des doigts. J’éprouvais un désir si intense à son égard, que j’en brûlais de l’intérieur. Fils d’Apollon, je possédais les gènes d’un homme désireux des courbes d’une femme. Et d’autant plus de ma femme. Nos lèvres se lièrent à nouveau, nos corps entamant une danse rythmée par le chant de la nuit. Elle finit alors par détacher sa bouche de la mienne, tandis que je m’apprêtais à lui ôter ce qui masquait la nudité de sa poitrine. Les frissons parcourant son échine m’en empêchèrent, je sentais que quelque chose n’allait pas. Ne me désirait-t-elle plus ? Je n’osais accepter la véracité de cette lourde hypothèse. Son regard croisa à nouveau le mien. L’inquiétude était perceptible dans ses iris. « Attends il y a un problème ... Du sang sur la lune, on devrait rentrer. » Souffla-t-elle l’inquiétude dans la voix. Une partie de moi pensait à de vulgaires superstitions. Cependant, une autre partie devenant de plus en plus intense, commençait à faire pleinement confiance dans les signes que Nymeria percevait, par rapport à la nature. En outre, je savais pertinemment qu’elle croyait dur comme fer en ces présages. Elle avait appris à être une sorcière redoutable, aux compétences à ne sous-estimer dans aucun cas. « Arrête de t'en faire, tout vas bien, détends-toi un peu. » Lançai-je alors à son encontre, alors qu’elle m’adressait un sourire. Elle était souvent inquiète depuis la naissance de Chloé. Son instinct maternel lui jouant des tours. Cependant, je commençais à ressentir une forme d’inquiétude au fond de moi. Je ne le montrais pas, mais la forêt s’étant tue subitement, cela ne semblait en effet ne présager rien de bon. Mais ces idées noires fusèrent rapidement hors de mon esprit, tandis que Nymeria attrapait mon visage entre ses mains, m’embrassant avec fougue. Ses jambes encerclèrent mon corps alors que notre étreinte se resserrait. Etreinte qui prit fin bien rapidement lorsqu’un bruit de feuillage craquelant se fit perceptible. Nous nous relevâmes comme un seul homme, échangeant un regard inquiet, tandis que Nymeria remettait sa robe en place. Subitement, une créature ailée sortit de l’obscurité, brisant les lumières créées par mes soins, et m’envoyant valser contre le tronc solide d’un arbre. Je retombais face contre terre, sonné durant quelques instants. Un cri strident. Des feuilles craquelant sous les pas précipités de mon épouse. Les bruits se turent. La Furie venait d’emporter Nymeria dans les airs.

Je tuerai ces salopes.

Je me relevais péniblement, secouant la tête et titubant durant quelques pas. J’apportais ma main à mon cou, et sortit de sous mon haut, une fiole à la lueur exceptionnelle. Les environs s’éclaircirent comme en plein jour. La fiole s’agitait autour de mon cou tandis que je courais en direction du bruit, qui me signalait la direction où était partie la Furie ayant emportée ma femme. Une forte lumière entoura mon poignet, grossissant à chaque seconde passée, engloutissant entièrement mon bras. Elle termina par perdre en volume, et laissa apparaître un magnifique arc, sculpté dans le bois des dieux, par Artémis elle-même. Continuant ma course au travers des arbres, une Furie à mes trousses, je levais les bras en l’air et tira quelques flèches dans le ciel afin de signaler ma position à Nymeria. J’entendais les cris de la Furie me pourchassant, se rapprocher. J’osais tourner la tête par-dessus mon épaule un fragment de seconde, alors que ses griffes acérées étaient à deux centimètres de m’attraper. Je me jetais au sol afin d’esquiver sa poigne. Me tournant sur le dos, je posais mon arc au sol et fis apparaître dans mes poings serrés, deux dagues de lumière chaude. Je les jetais avec force dans la direction de la Furie, qui esquiva mon premier assaut. J’attrapais mon arc précédemment laissé sur le sol humide, et je me relevais, reprenant ma course. « NYMERIA ! » Hurlai-je toujours dans la même direction, sans savoir si elle était la bonne. Je l’espérais simplement. Je repris ma course endiablée, tirant une flèche à travers le feuillage me faisant face. Je perçus un cri strident qui me signalait qu’une Furie venait d’être touchée, cela ne l’empêcha pas de débouler avec hâte sur moi, m’attrapant de ses deux pattes. Elle fit demi-tour, m’apportant gentiment plus proche de Nymeria. J’entrepris de redonner à mon arc sa forme de gourmette, et fis apparaître deux épées, une dans chacune de mes mains. Je lui tranchais alors ses pattes, tombant dans le vide, prêt à faire face à la dureté du sol. Mes épées disparaissant, j’eus l’idée de faire apparaître un fouet dont je donnais un coup en direction de la Furie. Le fouet s’enroula autour de son aile droite, et me permit de rester en vol. La Furie virevolté péniblement, poussant de petits cris stridents. J’aperçus alors, grâce à la fiole autour de mon cou, des arbres pris par un vent important. Certainement celui produit par Nymeria. Je mis fin à l’apparition de mon fouet, me laissant tomber sur le sol, exécutant une roulade avant pour bien retomber, un genou à terre, et l’autre replié. Mon arc apparut à nouveau dans ma paume, et je décochais plusieurs flèches en direction de la Furie la plus proche, l’une d’elle transperçant l’aile de cette garce. Je me redressais et m’approchais de Nymeria, concentrée dans ses incantations. J’étais rassuré de voir qu’elle n’avait rien. Grâce à la lumière d’Elendil, les poussières volant autour de nous étaient facilement perceptibles, cela s’apparentant presque à une tornade protectrice. « Nymeria. Si je tâche de faire apparaître le maximum d’armes possibles, te sens-tu capable de les faire s’envoler jusqu’à elles ? Il faut que ce soit un véritable mur de lumière, prêt à les raser entièrement ! » Lui demandai-je alors, hurlant presque pour surmonter le bruit du vent hurlant dans nos oreilles. Je me tenais à côté d’elle. Côte à côte, comme autrefois, dans un combat épique.

Un couple divin, confronté à une rude épreuve.

made by pandora.

C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

the night is dark and full of terrors

Tandis qu'elle courrait pour fuir la Furie et rejoindre Aëiden, elle songea à ce que sa vie aurait pu être si elle n'était pas née différente. Son père l'ayant abandonné à la naissance, trop lâche pour assumer son rôle, elle ne connaissait strictement rien hormis le camp des sangs-mêlés. Elle n'était pas aussi fière que son époux d'être la fille d'une Déesse ... Non si on lui avait donné le choix entre l'aventure et une vie simple, elle aurait choisis une vie dépourvue de magie. Elle n'était pas aussi forte que Aëiden, psychologiquement et physiquement, elle n'était pas au niveau de son époux. Bien que comme lui, elle avait reçue le même entraînement, les mêmes enseignements, elle ne demeurait pas moins la fille d'une Déesse mineure. Ses soeurs avaient reçues de dons beaucoup plus intéressant que les siens. Nymeria quant à elle, hérita du côté sombre de la Déesse de la Lune et de la Magie, le don obscure de la sorcellerie. Pourtant, elle s'était toujours servie de ses connaissances magiques pour des choses bénéfiques, afin de guérir les maux et de transmettre son savoir. Elle était ce qu'on pouvait appeler une Sorcière Blanche. Le grimoire transmis par Hécate était un dangereux héritage, il renfermait à lui seul des sortilèges obscures et une magie très noire. Elle sentait en elle ce pouvoir naviguer dans ses veines, cette douce attraction qui l'attirait doucement dans le monde des ténèbres. Peut-être que si elle n'avait pas rencontrée Aëiden, elle aurait suivis une tout autre voie. Son époux et sa fille étant là pour lui rappeler son côté de lumière, son humanité, sans eux, elle n'était rien. C'était sans doute pour cela que Hécate c'était radicalement opposée à cette union, Aëiden faisait ressortir tout ce qu'il y avait de bon en elle, bridant sa puissance et donc sa magie. Apollon aurait sans doute préférée qu'il se lie de passion avec une fille de Athéna ou bien de Aphrodite ... En épousant Nymeria, le sang-mêlé était lui aussi allé à l'encontre de son père, se liant à l'obscurité au lieu de la lumière. Peu importe qu'ils étaient les enfants de Divinités qui se détestaient, elle l'aimait plus que tout, prête à donner sa vie pour le sauver lui et sa fille. Pendant sa course, elle repensait aux dires de Aëiden sur leur fille, peu importe qu'elle soit dotée de dons divins ou non, elle était déjà de nature, la déesse de ses parents, le fruit des anges.

A bout de souffle, elle traversait la forêt pour tenter de rejoindre Aëiden, les branches fouettant son doux visage tandis qu'elle cherchait à échapper à la Furie. Elle se concentra alors afin de se servir des maigres pouvoirs qu'elle avait en sa possession. Elle transforma alors la brise légère de la nuit en des vents violents, elle se retourna alors vers son adversaire pour lui asséner une violente bourrasque qui déstabilisa son vol. User de magie était profondément fatiguant, ce n'était pas comme son époux qui lui, avait un don propre. Mais en cette nuit sombre et pleine de terreur, le vent était l'allié de la demie-déesse. Le ciel fut alors martelé d'éclairs de lumières, entendant par moment les plaintes de douleurs de la Furie dont s'occupait son époux. Elle psalmodiait des incantations, mélange de latin et de grecque très ancien. Le vent lui servait de bouclier, empêchant la Furie de l'attaquer mais pour combien de temps ? « NYMERIA ! » Elle percevait la voix de Aëiden, elle n'était plus très loin de lui désormais. Ce n'était certainement pas ce soir que Chloé finirait orpheline. La lumière de son maris éclaira alors son chemin, éblouie par tant de luminosité, elle plissait les yeux. Elle fût contente de le retrouver en entier, elle attrapa alors son bras, se servant de sa main droite pour commander les vents qui se mirent à entourer le couple, tournant rapidement autour d'eux comme une tornade ne laissant rien passer. Les Furies hurlaient à la mort, bien amochées mais pas prête à laisser tomber. « Nymeria. Si je tâche de faire apparaître le maximum d’armes possibles, te sens-tu capable de les faire s’envoler jusqu’à elles ? Il faut que ce soit un véritable mur de lumière, prêt à les raser entièrement ! » Elle semblait alors paniquée, ne se sentant pas capable de le faire, déjà bien trop épuisée par la magie qu'elle utilisait pour son aérokinésie. Ils ne s'entendaient presque plus parler à cause de la tornade dont ils étaient le noyaux. « Je vais essayer mais je te garantis rien ! Je ne suis pas aussi forte que toi ... » Elle sonda un instant le regard de son époux tandis qu'elle hochait la tête, faisant signe au sang-mêlé qu'elle était prête. Elle se concentra pour ouvrir une sorte de brèche dans la tornade protectrice, son coeur battait tellement fort qu'on aurait dit qu'il allait sortir de sa poitrine. Une fois le passage ouvert, elle laissa Aëiden créer ses armes de lumières dont elle projeta en direction des Furies. La lumière était tellement aveuglante qu'elle en ferma les yeux, le vent se chargeant de rassembler tous les instruments de lumières et de les faire s'envoler rapidement vers ses proies. Malheureusement, ce mur de lumière ne décima que la Furie la plus atteinte. Nymeria perdit alors le contrôle des vents qui revinrent à la normal. « Je suis désolée, j'ai fais ce que je pouvais ... » Elle ne se sentait pas assez puissante, exténuée par tant de sorts lancés. Tandis qu'elle était prête à renoncer et laisser son époux se charger de la dernière Furie qui fonçait sur le couple, elle sentait un frisson électrisant parcourir tout son corps et une voix féminine et tellement mélodieuse qu'elle en était enivrante. * Puise dans ton obscurité ...* C'était la voix de sa mère, elle releva la tête pour observer la lune, dont la tâche de sang s'évaporait doucement. Elle ne devait pas abandonner, ni pour elle, ni pour sa famille. Elle se redressa, ténébreuse comme jamais. Un vent glacial fît son apparition faisant danser sa longue chevelure de jais. Ses yeux bleus scintillant d'une lumière étrange. Elle tendit alors la main vers la Furie qui fonçait droit sur eux et prononça une incantation. « Morior, mortuus, moriturus ! Liquefactum, et calesco putridas ! » La Furie fût alors frapper par un violent sort, s'écrasant sur le sol aux pieds du couple. La créature commença à se décomposer, hurlant et agonisant sur le sol alors que ces ailes s'effritaient en lambeau de chair putride.

Le vent cessa et elle retrouva ses esprits, sans s'en rendre compte, elle venait d'utiliser de la magie noire ... A bout de force, elle se laissa tomber sur l'herbe humide, évanouie. Elle laissa alors à Aëiden le soin d'achever la créature tandis qu'elle sombrait dans les ténèbres de son esprit. Pour protéger son époux, elle avait utiliser une chose qu'elle s'était toujours interdite de faire. Elle resta inconsciente seulement quelques minutes, se réveillant dans les bras de son homme, fatiguée. « Où suis-je ? Que c'est il passé ?» Elle ne se souvenait absolument de rien avant d'avoir utiliser la magie noire, devenait-elle folle ? Elle s'abandonna totalement dans les bras de Aëiden, n'arrivant même pas à se lever ... Nymeria venait de montrer une partie d'elle bien obscure, qu'elle avait tentée toute sa vie d'endormir et de dissimuler. Comment allait-il réagir en découvrant que sa femme n'était pas si pure que ça ? « Tu les as tuées ces garces ? » Pour elle, c'était Aëiden le héros, Nymeria se considérait comme une sorcière trop faible, sans se rendre compte du pouvoir immense qui sommeillait en elle.

Hopelessly I'll love you endlessly; hopelessly I'll give you everything; but I won't give you up; I won't let you down; and I won't leave you falling; if the moment ever comes

the night is dark and full of terrors

Nos cheveux volaient au vent. Les cris stridents des Furies parvenaient à percer nos tympans au travers ce mur de vent. La lune était à nouveau emplie d’un rouge sang, qui ne présageait que souffrance et mort. Après ma requête à l’intention de Nymeria, je sentis cette dernière commençant à paniquer. Mon épouse avait toujours été du genre à sous-estimer ses capacités. Elle me considérait comme possédant des capacités bien au-delà des siennes. Pourtant, sa magie était sans limite. La seule limite qui la bridait était celle de son esprit. Elle n’osait imaginer l’étendue de sa puissance. Elle pourrait surpasser tant de sang-mêlés, voir la quasi-totalité. Ses talents dépassaient les miens, elle n’en avait juste pas conscience. Et pour cause, je tâchais de la brider. J’étais craintif de ce qu’elle pouvait cacher au fond d’elle. La magie n’avait pas que du bon. Blanche ou noire, et je m’assurais que Nyme’ ne trempait que dans la magie blanche. Il était connu que la noirceur du mal permettait d’obtenir une puissance infinie, du fait de n’être amoindrie par aucun principe, aucune philosophie. « Je vais essayer mais je te garantis rien ! Je ne suis pas aussi forte que toi ... »  Me lança-t-elle alors, faisant part de son inquiétude et son manque de confiance en ses pouvoirs. Elle croisa mon regard et m’adressa un signe de tête. « Nymeria, j’ai une confiance aveugle en toi. Tu es capable de la plus belle et puissante des magies. Tu peux largement dépasser mes capacités, il ne te suffit que d’y croire ! » Lui adressai-je dans le but de la rassurer. Nymeria refit face aux harpies, ouvrant une brèche dans le mur venteux. Je me mis alors en position, et fis apparaître dans les airs, un grand nombre d’armes faites de lumière éblouissante. Des lances, épées, dagues, haches et flèches. Nymeria s’occupa de son côté d’envoyer cette multitude d’armes en direction des Furies, tâchant d’esquiver les projectiles. La lumière produite était si intense, que moi-même devait plisser les yeux, malgré mon sang divin. Je continuais de faire apparaître des projectiles, et au fur et à mesure que je sentais l’adrénaline et la haine chauffer en moi, la lumière s’échappant des armes m’atteignait de moins en moins. Mes yeux s’ouvrirent entièrement. Je constatais que seule la harpie la plus faible venait d’être décimée. Nymeria baissa les bras et tomba à terre, alors que le vent se calmer, jusqu’à se dissiper entièrement. Nous étions à la merci de la deuxième Furie. « Je suis désolée, j'ai fait ce que je pouvais ... »  Souffla-t-elle, exténuée par l’effort. Je me laissais tomber à ses côtés, fatigué également par tant d’activité divine. Je l’entourais de mes bras tremblant légèrement. « Tu as été formidable chérie. Ne t’en fais pas, tout va bien se passer. » Soufflai-je alors, la tête collée contre la sienne. La Furie fonçait droit sur nous, alors que nous étions dépourvus d’un quelconque moyen de défense. Je sentais des frissons parcourir le corps de Nymeria, alors qu’elle se relevait. Je levais la tête, observant son attitude, inquiet. Je n’aimais pas la tournure que prenaient les événements. Je relevais une jambe, m’appuyant sur celle-ci afin de m’aider à me relever. Mon corps était faible, manquant d’énergie. Je la devançais légèrement, tournant la tête vers elle. Elle était froide. Absente. Son corps entier devenait ténèbres et noirceur.

Ce n’était plus ma femme.

Un vent glacial vint caresser mon échine, m’arrachant d’intenses frissons. Les yeux bleus de Nymeria scintillèrent d’une étrange lumière, avant de virer au noir complet. Je savais pertinemment ce qu’il se passait. Et j’en avais peur. Si peur, que j’en étais tétanisé, mon corps ne pouvant exécuter le moindre mouvement. Mon esprit m’en interdisant. Son bras se leva. Nymeria tendit sa main en direction de la Furie qui n’était plus qu’à quelques mètres. « Morior, mortuus, moriturus ! Liquefactum, et calesco putridas ! »  Fit-elle d’une voix sombre. Le sortilège frappa violemment la Furie, cette dernière s’écrasant au sol, à nos pieds. Son corps se décomposa, alors que la créature poussait d’horribles cris stridents, de douleur. Ses ailes s’effritèrent avant de ne devenir que cendre, comme le reste de son corps. Quant à Nymeria, ses allures reprirent la grâce et la luminosité qui lui étaient propres. A nouveau, elle tomba au sol, sur l’herbe humide, s’évanouissant. Je me laissais tomber sur les genoux, passant une main derrière sa nuque pour surélevée sa tête, mon autre main venant attraper son bras. Des larmes perlèrent alors sur mes joues. Je craignais d’avoir perdu celle que j’aimais. La magie noire avait le pouvoir de corrompre un esprit. Et j’en connaissais le responsable. La responsable, plutôt. Mon sang bouillonnait. La rage montait. Mon corps chauffait. Mon cœur accélérait. Et je me relevais, laissant le corps de Nymeria inerte, sur le sol humide. Je levais la tête vers la lune, la regardant avec haine et colère. Mes poings se fermèrent et se serrèrent. Mes mâchoires firent de même.

« HECAAAAAAAAAAAAAAAAAAATE ! » Hurlai-je à la Lune. A la Déesse qui se cachait derrière. « Montre-toi digne d’une déesse, et descends ! Je sais que tu es responsable de ce qui vient de se passer ! Mais je ne te laisserai JAMAIS la corrompre ! JAMAIS ! » Continuai-je, signifiant toute ma colère au ciel et à l’Olympe. La lueur de la lune s’intensifia alors. « Je te promets que si je la perds par ta faute, je te TUERAI, garce ! Cela m’importe peu que tu sois une déesse ! J’aurai ta peau. Je n’ai pas peur de toi ! » Achevai-je ainsi ma plainte déchirant l’air de cette nuit, éclairée par la lumière produite par mon géniteur, reflétée sur le symbole de l’être divin que je visais. La lueur émanant du satellite rond, vint transpercer le ciel, venant s’écraser sur moi. Un halo de lumière blanche m’entourait entièrement, m’écrasant sur le sol. Mes pieds s’enfonçaient peu à peu dans la terre humide. La rage que j’éprouvais à l’encontre d’Hécate, l’adrénaline que cela me procurait, me permettait de ne pas rompre sous cette force divine. Mes muscles se bandaient, mes veines faisaient surface. Je pliais légèrement les genoux pour me donner plus d’appui. En dehors de ce halo, je percevais de nouveaux cris perçant. Je relevais difficilement la tête, afin de regarder leur venue. Elles ne semblaient pas venir droit sur moi, non. Elles se dirigeaient en fait sur Nymeria, qui demeurait inconsciente sur l’herbe froide. Ce qu’elles firent, passant à côté de ce rayon de lumière blanche. Nymeria était une proie facile. Et je n’étais que spectateur de cet assaut sur une femme sans défense. Hécate ne bougeait pas le petit doigt. Cependant, je ressentais comme une étrange sensation en continue, dans mon corps. Je sentais une force naissante et grandissante. Cette lumière d’une spectaculaire intensité pénétrait mes muscles, traversant ma peau. Mes poings se serrèrent d’autant plus, mes jambes s’arquèrent encore, le creux de mes genoux formant un angle d’environ quarante-cinq degrés. « Ne… touchez pas… à ma FEMME ! » Lança-je à leur intention. Et je me propulsais, hurlant de rage, en direction de la furie la plus proche de Nymeria, exécutant un bond spectaculaire. Le rayon de lumière se tût dans mon dos. J’assenais un premier coup à la harpie que je visais, la faisant s’envoler de nombreux mètres plus loin. Mon élan suite à ce bond d’une incroyable force, me permit de me rattraper parfaitement sur mes deux jambes, entamant une course d’une allure intense. Arrivé à une dizaine de mètres de la Harpie gisant au sol, j’armais mon poing, alors qu’elle se relevait, et exécutais un nouveau bond. Je lui donnais alors un second coup, l’envoyant valser directement contre un arbre, la créature se fracassant dans un bruit sourd contre le tronc. Je me retournais ensuite, accourant vers Nymeria et la seconde Harpie qui venait de s’emparer du corps de mon épouse. Je sautais dans un arbre, m’accrochant de branche et branche, arrivant jusqu’au sommet. Je courais alors sur une branche solide, me propulsant de celle-ci lorsque j’étais arrivé à son extrémité. J’attrapais de justesse une des ailes de la furie, qui entama une chute vertigineuse. La créature lâcha Nymeria. Je rattrapais sa main et me laissais tomber. Dans cette chute, je tirais à moi mon épouse afin de l’enlacer dans une étreinte plus confortable. Dos face au sol, je tendis le bras face à ce dernier afin de créer un nuage de lumière qui permit d’amortir notre chute, ce qui ne fût pas suffisant. Mon dos craqua légèrement à l’arrivée, et j’esquissais une expression de douleur, émettant un petit gémissement signe de ma souffrance.

Je fis glisser Nymeria délicatement sur le côté, la seconde harpie revenant à l’assaut. Je me mis devant le corps encore inerte de Nymeria, et attendit que la créature arrive sur moi. Arrivée aux cinq derniers mètres, je levais ma main face à elle, la paume ouverte parfaitement alignée face à son visage. Un jet de lumière fit son apparition. Une ligne continue qu’elle se prit de plein fouet dans la face. La harpie s’écrasa au sol, morte. Je me posais aux côtés de Nymeria alors qu’elle rouvrit les yeux. Je la pris dans mes bras, faisant abstraction de la douleur de mon échine. « Où suis-je ? Que s’est-il passé ? »  Lança-t-elle à son réveil. « Tu les as tuées ces garces ? » Demanda-t-elle ensuite. Je ne répondis pas. Mon cœur battait si fort, qu’il était capable d’exploser ma cage thoracique au moindre instant. Ma respiration haletait. Je n’avais pas envie de répondre à sa question. Je m’écartais légèrement d’elle, plantant mon regard en feu dans le sien. « C’était ta mère, n’est-ce pas ? » Demandai-je de manière rhétorique. La réponse, je la connaissais déjà. Et son regard ne faisait que confirmer mon hypothèse. « Comment as-tu pu ?! Utiliser la magie noire ! Ce que tu méprises le plus ?! Non mais tu te rends compte de ce que ça représente ! » Hurlai-je presque alors que je me relevais, lui tournant le dos, faisant quelques pas pour m’éloigner d’elle. Je me retournais alors. « Il ne faut pas que ta mère ait un contrôle néfaste sur toi ! Imagine ce que cela pourrait impliquer pour Chloé !! » Fis-je ensuite, hurlant réellement. Mon visage perdit ensuite toute expression, mes bras vinrent se plaquer le long de mon corps. J’affichais une mine désolé. Je me rapprochais à nouveau d’elle, me posant à nouveau à ses côtés. J’attrapais ses mains dans les miennes, plongeant mon regard dans le sien, alors que je voyais la tristesse transparaître. « Je… Je suis désolé. Je voulais pas crier… J’ai juste peur… Peur de te perdre. » Soufflai-je alors calmement, laissant mon cœur se calmer.

Je l’aimais, et je ne voulais pas que cela porte préjudice à notre amour, et notre famille.

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C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

the night is dark and full of terrors

Plongée dans l'inconscience après une utilisation trop poussé de ses dons, Nymeria retrouva peu à peu ses esprits tandis qu'elle rouvrait ses yeux fatigués. Elle ne se souvenant plus de rien avant que son âme soit devenu aussi noir que la nuit. La sorcière regarda un instant Aëiden, lui adressant un léger sourire auquel il ne fut pas du tout réceptif. Elle regarda alors autour d'elle, les cadavres des créatures jonchaient l'herbe humide de la forêt. Que faisaient-elles si proche du camp ? Il fallait prévenir les autres songea alors la douce qui tentait de se relever. « Tu les as tuées ces garces ? » dit-elle alors à son époux, inquiète. Mais celui-ci commença par s'éloigner de sa femme, froid et distant. A vu d'oeil, elle ne comprenait pas du tout ce qu'il se passait pour qu'il ait ce genre de comportement ...  « C’était ta mère, n’est-ce pas ? » Elle ne comprit pas de suite où il venait en venir ... Elle ferma les yeux pendant quelques secondes et la scène se déroula de nouveau dans son esprit. Elle se voyait, ténébreuse et maléfique ... Ses iris si lumineux plongés dans la noirceur tandis qu'elle jetait un sortilège de putréfaction sur la Furie. Un sort qu'elle ne connaissait pas du tout à la base ... Elle se voyait très bien mais ne se reconnaissait pas du tout, comme-ci elle voyait une autre femme agir à sa place. La voix de sa mère ... Elle rouvrit alors les yeux en les plongeant dans ceux de Aëiden. « Comment as-tu pu ?! Utiliser la magie noire ! Ce que tu méprises le plus ?! Non mais tu te rends compte de ce que ça représente ! » Il hurlait, ce qui provoqua un sursaut chez la jeune femme, c'était la première fois qu'il levait le ton ainsi sur elle. Nymeria n'avait pas voulu faire ça, sa mère lui avait soufflé les mots et elle l'avait écoutée. Pour sauver sa famille elle était prête à tout, même par passer dans le côté obscure si il le fallait. Elle voulait se défendre, lui dire qu'elle n'y était pour rien et qu'elle avait fait ça pour eux, pas par méchanceté mais la colère d'un demis-dieux ce n'était pas rien ... Les yeux bleus de la sorcière commencèrent à s'embrumer de larmes, muette, écoutant les réprimandes de Aëiden à son égard sans broncher. « Il ne faut pas que ta mère ait un contrôle néfaste sur toi ! Imagine ce que cela pourrait impliquer pour Chloé !! » Elle releva alors son regard sur lui, sous-entendait-il qu'elle était une mauvaise mère ? Elle fût alors profondément blessée par sa dernière phrase. Elle le dévisagea, observant les dernières sphères de lumières s'évaporer dans le silence de la nuit. Nymeria se rendit alors compte qu'elle en avait assez d'être toujours sous-estimée et rabaissée constamment. Plus jeune, elle avait été mise de côté à cause de pouvoir bien trop mystique que divin, mise de côté parce-que elle était la fille d'une déesse apparemment mineure ! Elle en avait marre. Même si utiliser la magie noire était une chose qui ne l'avait jamais attirée auparavant , cette nuit elle s'était sentie forte, puissante. Ce pouvoir coulait encore dans ses veine tandis que la lune pleine disparaissait derrière les nuages. Aëiden revint alors à ses côtés, prenant ses mains et parlant avec une voix plus douce et plus calme. « Je… Je suis désolé. Je voulais pas crier… J’ai juste peur… Peur de te perdre. » Elle sécha ses larmes avec sa main libre, ne sachant pas si elle devait être en colère, triste ou vexée. « Je suis une bonne mère ... Je me suis toujours très bien occupée d'elle et jamais je ne lui ferais du mal ... Comment peux-tu penser ça de moi ...  »  Elle se releva alors, s'éloignant de quelques mètres pour faire le vide dans son esprit pendant quelques secondes, observant la dépouille d'une des Furies se décomposer sur le sol avec dégoût et mépris. Elle se retourna vers son maris. « On devrait rentrer pour prévenir que des Furies traînent dans le coin, je m'occuperais de tes blessures ensuite. » Elle le dévisagea et emboîta le pas en direction du camp, laissant le panier et le repas cuisiné avec amour à l'abandon.

La marche fût très silencieuse jusqu'au camp des sangs-mêlés, tout le monde semblait être dans les bras de Morphée, elle se dirigea jusqu'à leurs chez eux, entrant sans faire de bruit. La Nymphe lisait un magazine dans le salon, elle congédia la créature assez froidement pour se rendre dans la chambre de sa fille afin de vérifier que tout aillait bien. Chloé dormait profondément, un petit sourire se dessina sur les lèvres de la sorcière, attendrit par la vision de sa fille si magnifique. Aëiden allait pas tarder à rentrer à son tour, elle se dirigea vers la chambre parental afin d'y allumer quelques bougies. Non par pour créer une atmosphère romantique, non c'était pour son rituel de guérison qu'elle allait pratiquer sur lui. Elle l'entendit alors arriver, elle se retourna alors pour lui faire face sans le regarder dans les yeux, encore un peu trop chamboulée par les mots qu'il avait eu à son égard. « Je vais m'occuper de ton dos. » dit-elle avec sa voix douce, l'aidant à retirer son haut lentement. Si sa magie blanche pouvait servir à quelque-chose ... Elle l'aida alors à se coucher à plat ventre sur lit, attrapant une lotion dans l'un de ses tiroirs, une mixture faite maison par ses soins. Elle redressa sa longue robe jusqu'à ses cuisses et s'installa à califourchon sur lui, sur ses fesses afin de le masser. La crème qu'elle lui étala sur son dos musclé avait des propriétés magiques et réparatrices. Dans un premier temps, elle chauffa en faisant disparaître la douleur, continuant de le masser avec douceur. Elle murmurait des incantations à peine audible d'une voix douce, comme une berceuse censée apaiser le malade, les flammes des bougies se mirent alors à danser avant de doubler de volume rapidement. Elle transmit à Aëiden toute son énergie positive afin de le guérir, se retrouvant très vite exténuée après le rituel. Les bougies s’éteignirent seule alors que la belle se pencha pour embrasser la nuque de son époux, se laissant tomber à côté de lui. Le mal de Aëiden fut alors absorbé par la sorcière, la magie avait un prix. Tout ce qu'elle faisait de bien ou de mal lui était rendue trois fois.

Plongée dans l'obscurité, couchée sur le lit face à lui, elle posa une main sur sa joue pour le caresser. « Je t'aime, excuse-moi pour tout à l'heure, j'aurais pas dû écouter ma mère, je voulais juste te protéger. » Elle se lova alors contre lui, le visage enfouie dans le cou de Aëiden, ses jambes croisés avec les siennes. Elle embrassait doucement son menton, ses mains caressant le dos de son homme. « Promis je ne recommencerais plus, je veux pas vous perdre. » Elle bascula alors pour se retrouver sur lui, lui volant un doux baiser accompagné d'un sourire. Elle honora également son cou de nouveau et son torse, afin de continuer de qu'ils avaient commencés tout à l'heure avant d'être interrompu.

Malheureusement, la promesse qu'elle venait de lui faire n'allait pas être tenu dans un avenir très proche ...

Hopelessly I'll love you endlessly; hopelessly I'll give you everything; but I won't give you up; I won't let you down; and I won't leave you falling; if the moment ever comes

the night is dark and full of terrors

Les mains de ma tendre épouse tremblaient dans les miennes. Ses larmes continuaient inlassablement de perler le long de ses douces joues, venant s’écraser sur l’herbe déjà bien humide. A quelques mètres de nous, se trouvaient les corps de deux Furies précédemment anéanties. Nymeria apporta finalement une de ses mains à ses yeux, afin de sécher les gouttes salées déferlant de ses yeux. « Je suis une bonne mère ... Je me suis toujours très bien occupée d'elle et jamais je ne lui ferais du mal ... Comment peux-tu penser ça de moi ...  » Souffla-t-elle, la voix encore embuée par des sanglots. Ses dires me tordirent le cœur. Elle avait raison. Comment pouvais-je imaginer cela venant d’elle. Il est vrai, Nymeria est la femme parfaite à mes yeux. Un modèle maternel, qui plus est. Elle a toujours pris ses décisions de manière à protéger ses proches, de telle sorte à ce que chacune de ses actions soit bénéfique aux êtres aimés. Ma moitié se leva, sans m’adresser le moindre regard. Elle s’arrêta aux côtés d’une des Furies, cette dernière se décomposant sous ses yeux. Elle daigna alors me faire face. « On devrait rentrer pour prévenir que des Furies traînent dans le coin, je m'occuperais de tes blessures ensuite. » Ajouta-t-elle froidement. De la rancune sifflait dans sa voix. Elle me dévisageait littéralement. La dernière fois qu’elle m’avait regardé ainsi, c’était des années auparavant. Lorsque l’on se connaissait que très peu, et qu’on se contentait de partager une relation basée sur une intense rivalité. J’eus la subite impression de revenir plus de dix ans en arrière. L’époque où je la regardais, mon cœur tremblant face à ce sourire divin, ce regard hypnotique, alors qu’elle ne m’adressait pas la moindre attention. L’amour était à sens unique. Du moins, ce que je croyais. J’ai tout fait pour l’obtenir, usant de tous les charmes possibles. Et pensez bien que charmer une sorcière n’est pas chose aisée. J’y étais pourtant parvenu. Je l’avais eu. Et en cette soirée de pleine lune, je craignais de la perdre. Je craignais qu’elle me soit enlevée par une force bien trop puissante. Une entité que je ne peux affronter. La magie. Nymeria me tournait le dos, prenant la direction du camp, marchant d’un pas rapide et assuré. Je détournais le regard, celui-ci se posant sur le panier repas, composant notre dîner. Majoritairement renversé, voilà le repas terminé avant même d’avoir été entamé.

La marche jusqu’au camp était silencieuse. Je marchais quelques mètres derrière. Je pense que cela était préférable en vue de la situation. J’en profitais pour me laisser aller à quelques pensées, pendant ce temps-là. Arrivés au camp endormi, je suivis Nyme’ jusqu’à notre domicile, dans lequel nous entrions sans faire de bruit. Mon épouse congédia sèchement la nymphe, qui perdit rapidement son sourire. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter les lieux, je l’arrêtais en posant une main sur son épaule. Je lui adressais un regard sympathique ainsi qu’un léger sourire en coin, afin de compatir à ce qu’il venait de se passer, et de la rassurer. La Nymphe sortie, Nymeria se rendit dans la chambre de Chloé, puis dans la nôtre. Je fis de même, me rendant au berceau de notre fille, afin d’embrasser comme à mon habitude, son front doux et dégarni. Rejoignant Nymeria dans notre chambre, je regardais une à une les bougies qu’elle venait d’allumer. Je savais pertinemment qu’il s’agissait là de matériel pour exercer un sortilège visant à soigner mon dos, et non des bougies afin d’exposer une atmosphère romantique dans la pièce. Alors que je restais planté sous le pas de la porte, Nyme’ se retourna vers moi, sans croiser mon regard le moindre instant. « Je vais m'occuper de ton dos. » Me lança-t-elle alors d’une voix étonnamment douce. Je m’étais approché d’elle, alors qu’elle m’aida à retirer mon haut. Par la suite, elle m’assista afin de m’allonger sur le ventre. La douleur, l’adrénaline désormais au niveau zéro, se faisait des plus intenses. Peut-être quelque chose de cassé. Je sentais des gouttes de sang perler dans mon dos. Nymeria s’installa à califourchon sur mes fesses, une fiole à la main. Elle appliqua le contenu de ladite fiole, avant de commencer à me masser. Cela entraînait une forte sensation de chaleur sur ma peau, celle-ci se répandant peu à peu sur tout mon corps. Elle avait des mains si délicates. Dans un premier temps, la douleur disparut. Je percevais faiblement ses incantations, à travers ses lèvres presque fermées. Sur le mur face à moi, je voyais l’ombre d’une bougie, dont la flamme dansait de manière surnaturelle, jusqu’à doubler de volume. Les bougies s’éteignirent alors subitement, Nymeria se laissant tomber à mes côtés, après avoir embrassé ma nuque de ses lèvres humides. Je posais une main au niveau de sa poitrine. Son cœur battait lentement, sa respiration se voulait haletante. Elle m’avait dit un jour que chaque chose avait un coût, en magie. Plus encore, lorsqu’un sorcier ou une sorcière s’emploie à jouer avec la Vie et la Mort, la Guérison et le Châtiment.

Nous étions côte à côte sur ce lit que nous partagions chaque nuit depuis des années. Sa main vint caresser ma joue. Elle l’a trouva instinctivement, malgré l’obscurité. Et je visualisais ses courbes, son sourire, et son regard se poser sur moi. « Je t'aime, excuse-moi pour tout à l'heure, j'aurais pas dû écouter ma mère, je voulais juste te protéger. »  Souffla-t-elle, le ton de sa voix étant revenu à la normale. Je pivotais afin de me mettre sur le côté, enlaçant Nymeria venue se lover contre moi, la tête plongée dans mon cou. Jambes entrecroisées, sa main glissait dans mon dos, tandis que mes doigts caressaient le bas du sien, ainsi que le haut de ses fesses. « Promis je ne recommencerais plus, je veux pas vous perdre. » Ajouta-t-elle, ses mots en partie atténuée par le fait que sa bouche soit collée à mon menton. Je parvins toutefois à comprendre ses dires. Je me laissais ensuite tomber sur le dos, laissant à Nymeria la possibilité de venir s’installer au-dessus de moi. Ce qu’elle fit dans la seconde qui suivit. Sa bouche revint caresser la peau de mon cou, ses doigts se baladant sur mon corps. Nous pûmes reprendre ce que nous avions laissé en suspens une bonne heure auparavant.

Je laissais mes doigts glisser sur ses cuisses, relevant peu à peu sa robe, avant de l’aider à la retirer entièrement. Je découvris alors ses sous-vêtements faits de dentelle rouge, diablement sexy. Alors que j’entreprenais de lui retirer le tissu manquant, elle m’interrompit et glissa sa bouche le long de mon torse, venant retirer par la suite mon pantalon et ce qui restait en-dessous, masque de mon anatomie. Je la forçais à revenir à mon niveau, me permettant ainsi de nous mettre sur un même pied d’égalité, en lui retirant dès lors ses sous-vêtements. Des sourires amoureux se perdirent aux mêmes instants que nous regards brillants d’une véritable passion se croisaient. La danse débuta par des mouvements lents, plein de tendresse et de caresses, de baisers et de mots doux. L’union de deux corps était la plus belle preuve d’amour possible. Lorsque celle-ci est sincère. Commençant à ressentir des envies plus bestiales, je fis rouler Nymeria sur le côté, afin de me placer au-dessus de son corps divinement dessiné. Ses jambes vinrent s’enrouler autour de ma taille, alors que nos mouvements se voulaient plus rapides et intenses. Je capturais son cou de mes lèvres, laissant par moments glisser ma langue sur sa peau. La passion était présente, la fusion était complète. Puis, je sentis une nouvelle douleur dans mon dos. Nymeria ne contrôlait plus ses gestes, et plantait ses ongles jusqu’au sang dans mon dos fraîchement soigné. J’esquissais une expression de souffrance, mais je ne m’arrêtais pas pour autant.  Je me risquais à décoller mon visage de son cou, afin de chercher son regard. Ses yeux fermés, s’ouvrirent l’espace d’un instant, me permettant d’apercevoir deux globes noirs, vidés de tous sentiments et émotions. Je me laissais à nouveau glisser sur le côté, commençant subitement à sentir ma force me quitter. Ce n’est pas pour autant que l’acte s’arrêta. Nymeria continuait d’agir, plus déchaînée que jamais. Et je me laissais happer par une force invisible. Mon esprit était incapable de contrôler cette puissance qui s’emparait de moi. Je n’avais plus les moyens de réfléchir, mais la source de ce phénomène était évidente. Nymeria était à nouveau contrôlée par une rage invisible, qu’elle avait confinée en elle durant certainement des années. Et voilà celle-ci faire son apparition de la pire des manières. Une perte de contrôle totale, commençant à me tuer peu à peu. « Chérie… arrête… tu… tu me fais mal. » Sifflai-je difficilement entre mes dents, la douleur m’empêchant même de respirer convenablement. Je sentis alors le dernier souffle s’emparer de moi, faisant grimper l’adrénaline en moi. Un éclair de lucidité me prit. Je ressentais cette sensation. Encore une fois. Mes muscles se gonflaient, mon corps s’alourdissait, ma peau commençant à durcir. Toutefois, la douleur ne s’arrêta pas pour autant. Nymeria prenait son pied, un sourire carnassier aux lèvres. Mon sang bouillonnait. Je devais me sortir de là, quand bien même il s’agisse de mon épouse. Elle n’était plus elle-même. Et je me réveillais. « ARRÊTE ! » Hurlai-je à m’en détruire les tympans. Au même instant, je propulsais Nymeria avec une force surhumaine, jusqu’au plafond. Elle usa de sa magie pour ralentir sa course, et léviter. Les pleurs puissants de Chloé retentirent. J’observais mon épouse corrompue d’un œil à moitié ouvert, commençant tout juste à me remettre de ma douleur. Je quittais le lit et me rhabillais presqu’entièrement, je laissais mon haut de côté. Je fuyais. Je ne jetais pas un regard à Nymeria, la peur me prenait aux tripes. Je n’entendais pas un seul mot, qu’elle aurait éventuellement souhaité me partager à cet instant. Elle ne devait même pas sentir son esprit engourdi par une puissance tierce. Je me précipitais alors à la chambre de Chloé, titubant. Je l’attrapais délicatement et entrepris de quitter le domicile. Mais, alors que je me retournais pour sortir de la chambre, je vis Nymeria m’attendre à l’entrée de la pièce. J’avançais vers elle. « T’es dangereuse. On va passer la nuit ailleurs. Tu nous mets en danger, Chloé et moi, et tu ne t'en rends même pas compte. » Lançai-je, une colère légèrement audible dans ma voix. Je forçais le passage, m’apprêtant à quitter la maison. Son regard avait changé, et reprit sa teinte habituelle. Ce bleu magnifique, eau de ses yeux. « J’te reconnais plus… » Achevai-je en tournant légèrement la tête sur le côté. « Bats-toi contre ce mal, ou je m'en vais. » Menaçai-je alors.

Une main sur la poignée, l’autre tenant Chloé encore en larmes, une hésitation me prit. Après tout, je devais aider Nymeria à combattre cette chose, au fond d’elle. Mais je m’en sentais incapable. J’avais peur de l’échec au même titre que j’avais peur de la perdre définitivement. Après tout, ces deux points étaient liés. Mais je l’aimais. Suffisamment pour me sacrifier pour elle, si cela pouvait l’aider à vaincre cette entité…

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C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

the night is dark and full of terrors

Que se passait-il en elle ? D'où venait ce changement effrayant, une facette d'elle-même qu'elle ne connaissait pas. Quand les gens s'employaient à parler ou à décrire Madame Caldwell, ils parlaient d'elle en bien, épouse dévouée, mère aimante et amie fidèle. Une femme douce, fragile et altruiste. Sa générosité était égal à sa gentillesse faisant d'elle une femme appréciée par toute la communauté. Et pourtant, cette nuit, sous le regard protecteur de la lune, une autre facette de sa personnalité avait fait son apparition. Une femme sûre d'elle, forte et ténébreuse. Le Phoenix qui dormait en elle avait décidé de se réveiller. Toujours sous-estimée à cause de pouvoirs un peu trop passif et imprévisible, elle ne pouvait pas jouer avec la lumière ou bien changer d'apparence. La sorcellerie était un art qui devait se pratiquer, ce n'était pas un don inné comme son époux. Certes elle connaissait quelques sortilèges de protection et de guérison, si elle le souhaitait elle pouvait charmer n'importe quelle personne avec l'aide de filtres ou d'enchantements, mais elle n'obtenait pas toujours les résultats qu'elle souhaitait. Elle pratiquait la magie blanche, puisant dans la nature et ses bienfaits pour faire le bien autour d'elle. Mais cette autre personnalité qui l'habitait voulait plus. La magie noire n'avait absolument aucune limite hormis la conséquences désastreuse de perdre son âme et son humanité. La magie n'était ni blanche, ni noire, c'est seulement la façon qu'on l'utilise qui détermine le ou la sorcière. Devenait-elle folle ? Ou bien à force d'avoir toujours refoulé son côté obscure, il finissait aujourd'hui par se manifester ... Elle ne voulait pas perdre sa famille pour un don qu'elle n'avait jamais souhaité. Si on lui avait laissée le choix, elle aurait préférée être une simple mortelle, peut-être médecin, dans une jolie petite maison de Brooklyn. Elle avait perçu le regard effrayé de Aëiden lorsqu'elle avait basculée du côté obscure, en une seconde, elle avait eut l'impression de le perdre. Il était tout pour elle, le perdre ne ferait que empirer les choses. Il était son équilibre avec Chloé. Chaque jours à ses côtés n'avait fait que de la rendre meilleure. L'épisode des Furies étant désormais derrière eux, le couple retrouva un peu d'intimité. Plongés dans l'obscurité, elle pouvait sentir son coeur battre, sentir son odeur et profiter de ses bras protecteur et rassurant. C'était sans nul doute son endroit préféré au monde, les bras de Aëiden. Toutes les nuits qu'ils avaient partagés ensemble, elle ressentait ce besoin maladif de dormir contre lui, égoïstement peut-être. Elle donnerait sa vie pour cet homme. Si demain elle venait à disparaître, elle partirait tranquille en laissant Chloé à un homme formidable. Malgré l'assurance qu'elle montrait en donnant ses cours ou bien en s'occupant de sa fille, Nymeria avait toujours en elle ce sentiment d'infériorité, d'incomprise. Avec Aëiden elle se sentait valorisée et en confiance. Et pourtant, elle ne se trouvait pas à la hauteur et digne de lui. Un fils d'Apollon ! Il avait la lumière divine en lui, un physique de Dieu - sans mauvais jeu de mot - et surtout une âme magnifique. Il pouvait avoir n'importe quelles femmes, des plus jolies qu'elle, avec une force de caractère égal à la sienne. Parfois elle se demandait si elle ne rêvait pas. Quand l'entité avait pris possession de Nymeria dans la forêt, elle s'était sentis si forte, si désirable et invulnérable. Elle ne voulait pas admettre à Aëiden qu'elle avait aimée être une femme différente pendant quelques minutes.

Une fois dans ses bras, elle s'oublia et s'abandonna complètement aux caresses de son homme. Elle frissonnait, répondant amoureusement et langoureusement à ses baisers divins. Elle se savait chanceuse, étant totalement consciente du mal que cela lui ferait si elle devait le perdre. La robe de la belle finit par rejoindre le sol, dévoilant son corps qu'elle ne mettait pas toujours en valeur. Malgré une grossesse, elle gardait une ligne magnifique. Elle embrassait son torse, il était chaud et sa peau sentait le soleil. Peut-être que c'était son sang divin mais elle ne pouvait pas lui résister ... Elle était folle de son corps musclé et très fière d'en être la seule propriétaire. Elle descendit doucement entre ses jambes afin de le libérer de son pantalon et libérer son membre de sa prison de tissus. Elle remonta assez rapidement pour qu'il l'aide elle aussi à retirer les derniers bouts de dentelles qui décoraient son anatomie. Elle était sur lui, malgré l'obscurité elle pouvait discerner ses beaux yeux et son sourire auquel elle répondait amoureusement. Pas besoin de musique pour débuter la danse, leurs battements de coeurs faisant office de tempo pour une étreinte amoureuse et tendre. Ses yeux étaient fermés tandis qu'elle se laissait aller complètement. Il était évident qu'elle prenait du plaisir, ils n'étaient pas des simples mortels. Il y avait en eux une symbiose quasi parfaite malgré les opposés qu'ils étaient. Aëiden fit alors basculer sa belle afin de prendre le dessus, enlaçant sa taille avec ses jambes tout en continuant la danse qui se faisait de plus en plus bestiale. Des gémissements de plaisir se faisaient entendre, mêlé aux respirations accélérés des deux sangs-mêlés. Le plaisir que lui donnait Aëiden déclencha en elle la même sensation qu'elle avait ressentie dans la forêt. Comme-ci chaque vas et viens de Aëiden en elle lui donnait du pouvoir et de la confiance en elle. Après tout c'était dans ses bras où elle se sentait le plus femme. Se sentir désirée, faire l'amour, faisait ressortir en elle la Nymeria libérée de toutes contraintes et inhibitions. Elle n'était plus elle-même encore une fois, sa facette de femme séductrice prenait l'ascendant sur elle, mais surtout sur lui. Sur le moment, seul son plaisir comptait, ne se rendant même pas compte qu'elle enfonçait sans ménagement ses ongles dans le dos de son époux. Elle répondait passionnément et fougueusement à ses baisers, souriante par moment ... Ses iris changèrent de couleur pour virer au noir, lui donnant un regard sombre et obscure. L'acte sexuel semblait également décuplé son pouvoir, comme-ci elle aspirait l'énergie de Aëiden en elle, sans s'en rendre compte. « Chérie… arrête… tu… tu me fais mal. » Elle ne l'entendait même pas, trop concentrée sur les frissons électrisant de plaisir qui parcouraient son échine. Elle ne faisait plus l'amour, non c'était le plaisir qui l'intéressait, un acte bestial comme une vulgaire baise. Elle balançait ses hanches tout en se mordant la lèvre inférieur, ignorant totalement la souffrance de son époux, oubliant tout pour ne penser qu'à l'orgasme qu'elle souhaitait atteindre. « ARRÊTE ! » Elle ouvrit alors ses yeux, prenant enfin conscience de ce qu'elle était en train de faire. Il envoya valser sa femme avec une force surhumaine vers le plafond. La sorcière se servit alors de ses pouvoirs pour éviter l'impact et retrouver le sol en lévitant, complètement nue et le regard aussi sombre que la nuit. Nymeria lui adressa un sourire à la fois démoniaque et coquin, elle en voulait encore ... Elle le regarda se rhabiller rapidement, restant dans la chambre afin d'observer la lune par la fenêtre. Elle prit alors l'un des draps du lit pour couvrir son corps et rejoindre l'entrée où elle croisa Aëiden en train de fuir, avec Chloé dans les bras. Les cris de sa fille, le regard effrayé de son époux la fit redescendre sur Terre, la noirceur de ses yeux se dissipant au fur et à mesure des paroles de son mari.

« T’es dangereuse. On va passer la nuit ailleurs. Tu nous mets en danger, Chloé et moi, et tu ne t'en rends même pas compte. » Elle reprenait peu à peu ses esprits, ses iris retrouvant leurs aspect naturels et cette fragilité qu'elle avait toujours eu dans son regard. Elle se souvenait très bien de ce qu'elle venait de faire, ayant préférée succomber à la tentation plutôt que de combattre cette part sombre. « J’te reconnais plus… » Elle ne savait pas quoi dire, sa gorge étant sèche et totalement impuissante à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Les sanglots de Chloé lui brisait le coeur, elle avait envie de la prendre dans ses bras mais Aëiden avait décidé que pour leurs biens, elle devait rester à l'écart ... « Non s'il-te-plaît bébé c'est moi ... Je ne sais pas ce qu'il m'arrive je te jure, me quitte pas ! Je t'aime, je vous aime. » Ses yeux étaient cette fois-ci assombris par les larmes, tendant une main vers eux pour qu'ils reviennent. Cela ne pouvait pas se finir ainsi, elle ne contrôlait pas se dédoublement de personnalité ou autre saloperies auquel elle n'arrivait même pas à donner un nom. « Bats-toi contre ce mal, ou je m'en vais. » Elle se figea totalement, reculant même d'un pas comme-ci elle venait de se prendre une gifle ! Cela avait le même impact de toute façon. Les mots lui pincèrent le coeur violemment tandis qu'elle le regardait, impuissante. « Tu préfères m'abandonner et me priver de ma fille pour un mal que je connais même pas ? Sans même me donner une chance de comprendre et de guérir ? Le meilleur et pour le pire c'étaient des mots en l'air ? » Son regard océan perdit alors de son éclat, sentant une nouvelle fois la rage s'emparer d'elle. Elle tremblait, les meubles se mirent également à grincer sur le sol tandis qu'elle semblait lutter contre elle-même pour ne pas céder à l'obscurité. La pierre de lune que Chloé portait autour de son cou de mit à illuminer, annonçant de la magie noire dans les parages. Ses yeux commencèrent à se voiler de noir alors qu'elle luttait de toute ses forces. « Aide moi ... » Consciente qu'elle allait exploser et risquer de faire du mal à sa famille, elle se saisit d'un coupe-papier sur une étagère, prête à se donner la mort plutôt que de blesser sa famille et perdre son âme ...

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the night is dark and full of terrors

Je n’exécutais pas pleinement ce geste sensé répondre à mon instinct. Celui d’enclencher le mécanisme de la poignée, d’ouvrir cette porte et de me glisser à l’extérieur, Chloé dans les bras. La mettre en sécurité, et me mettre en sécurité. Quelque chose m’en empêchait, me retenait. Un quelque chose que l’on appelle communément Amour. Je détournais le visage vers Nymeria, se tenant juste derrière-moi, les larmes perlant de ses yeux aux traits tirés. Ils allaient de pair avec les sanglots de Chloé, déchirant le silence de la nuit. Il n’y avait que ces sons que je pouvais percevoir. Ses larmes, les pleurs de Chloé, et mes battements de cœur. « Non s'il-te-plaît bébé c'est moi ... Je ne sais pas ce qu'il m'arrive je te jure, me quitte pas ! Je t'aime, je vous aime. » Fit-elle presque suppliante. Cela me déchirait le cœur. J’avais la plus grande envie de la croire, mais je peinais à le faire. Je ne savais plus si je pouvais lui faire confiance. J’avais toujours été aveugle face à toutes ses paroles, sachant pertinemment que le moindre de ses dires serait avisé et juste. A l’heure d’aujourd’hui, qu’est-ce qui pouvait me laisser croire à la véracité de ses propos ? Autant elle me manipulait depuis déjà quelques temps, sans que je m’en rende compte. Sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle tendit la main vers nous, comme pour nous rattraper tandis que nous nous éloignions. Puis elle se figeait, telle une statue faite de roche et de glace. Son seul mouvement fût un pas en arrière, suite à cette claque verbale qui n’avait fait que tirer ses traits d’horreur un peu plus nettement. « Tu préfères m'abandonner et me priver de ma fille pour un mal que je connais même pas ? Sans même me donner une chance de comprendre et de guérir ? Le meilleur et pour le pire c'étaient des mots en l'air ? » Surenchérit-elle. Ses mots m’allèrent droit au cœur. Elle savait trouver les bonnes paroles, en tout temps et toute circonstance. Je déglutis, raclant ma gorge asséchée par ces émotions qui m’animaient. Mon regard ne quittait pas celui de Nymeria, ceci me permettant malheureusement d’apprécier un phénomène que je redoutais tant. Le regard bleu océan de mon épouse disparût. Il laissa place à ces yeux couleur ébène qui me glaçaient le sang. Le corps de Nymeria se mit à trembler, les meubles se déplaçaient. Un genre de vent se levait. La magie sombre animant Nymeria refaisait surface. Le collier de Chloé commençait à s’illuminer, de même que la fiole de lumière qui ne me quittait jamais. Ma femme perdait tout contrôle. « Aide moi ... » Supplia-t-elle cette fois. Alors que cela ne me ressemblait pas, des premières larmes se mirent à couler sur mes joues, traversant cette barbe de trois jours qui recouvrait mon visage.

Mon cœur se brisait face à cette vision d’horreur, de la femme aimée, qui n’était plus celle autrefois rencontrée. Nymeria était visiblement en lutte avec elle-même, avec cette double personnalité qui la rongeait de l’intérieur. Une entité bien trop puissante pour n’importe quel hôte. Comme pris par un instinct de protection, elle s’empara d’un coupe-papier. Ses intentions étaient des plus claires. Cette idée me figeait à mon tour. Tant et tellement, que je resserrai l’étreinte de Chloé contre moi, ne sentant pas sa présence. Mon poing de libre se serra. Mes veines et mes tendons s’étiraient. Mon sang s’accélérait, bouillonnant subitement. Je secouais brièvement la tête, me rendant compte que je commençais à faire mal à Chloé. Je desserrai l’étreinte. Deux choix s’offraient à moi. Je pouvais mettre Chloé à l’abri, mais risquer de perdre Nymeria, qui serait passée à l’acte entre temps. Ou bien sauver Nymeria, mais risquer de faire du mal à Chloé. Un ultimatum s’imposait à moi, et je devais me hâter de faire un choix. Mon poing serré se mit en action. M’apprêtant à donner un coup dans la main de Nymeria, je desserrai mon étreinte afin de taper comme l’on assènerait une gifle. Ma force développée permit au coupe-papier de s’envoler. Certes cela avait dû faire mal à Nymeria, mais cela l’avait également sauvée, provisoirement. Elle se tenait la main un instant. Je profitais de cette faille pour déposer Chloé sur le canapé, la callant entre les coussins. En me redressant et me retournant, j’aperçus une Nymeria en furie. Un geste en diagonale, sifflant dans l’air, me fit m’envoler à l’autre bout de la pièce. Je m’encastrais dans le mur et retombais face contre terre. Une force invisible me relevait déjà. A moitié sonné, je ressentais comme la présence d’une main autour de mon cou. Une main à la poigne phénoménale, d’une grande force. Cette même force qui me faisait quitter le sol. J’amenais mes deux mains à mon cou, menées par cet instinct de survie futile. Etait-ce là ma fin ? Assassinée par la noirceur de son épouse. Sombre tableau qui s’affichait face à moi. Je jetais un regard en coin à Chloé, s’agitant sur le canapé, ses pleurs déchirant l’air. Je laissais échapper un vague sourire, face à mes pensées concentrées autour de sa naissance. Elle avait fait de moi un père heureux. Un homme accompli. Vingt-six ans, si jeune et pourtant, un long chemin déjà parcouru. Je daignais me demander ce qu’il serait advenu dans une vie « normale ». Aurais-je connu Nymeria ? Peut-être aurions-nous eu alors droit à un mariage comme bon nombre de couples, avec la famille présente, partageant son soutien. Quelle profession aurais-je eu ? Je me serrai bien vu avocat, en fait. Ou dans le domaine de la justice, simplement. Cela m’aurait bien convenu. Mais les « si » n’avaient jamais réellement fait partis de ma philosophie de vie. Et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer, quand bien même ma vie s’achevait peu à peu.

Ma respiration se faisait plus lente, plus haletante. Mes yeux commençaient à se fermer, lentement. Cependant, la poigne semblait faiblir. Je percevais péniblement Nymeria s’agiter. Elle avait l’air de lutter contre cette force obscure. Son courage ne cessera jamais de m’étonner. Lutter contre une telle puissance… Je profitais alors de cette ouverture pour créer une dague de lancée dans une de mes mains, la lançant sur Nymeria. Je tentais le tout pour le tout. Mon épouse se ressaisit, du moins sa personnalité sombre, pour se protéger. Elle envoya voler la dague hors de sa trajectoire, cessant toute concentration sur ma personne. Je rejoignais le sol, m’appuyant sur un genou. Je me caressais la gorge, douloureuse. Je relevais la tête vers elle, mes muscles se bandant le plus possible. Une rage m’animait. De la haine se ressentait dans mon regard. Une haine envers son double maléfique. Mes yeux se coloraient d’une étrange couleur, tirant sur l’orange clair d’une lumière lointaine, lors d’un coucher de soleil. Je me jetais sur elle, traversant la pièce d’un bon, prêt à lui assener un coup de poing terrible, lorsque Nymeria m’envoya voler en sens inverse comme si je n’étais qu’une plume. Me réceptionnant du mieux que je pouvais, j’en fis appel aussitôt à la gourmette entourant mon poignet, celle-ci se transformant alors en arc. Je décochais des flèches aussi rapidement que je le pouvais, Nymeria se contentant simplement de les dévier. J’espérais qu’une seule daigne la toucher, ou même l’effleurer, dans le but de lui faire perdre un minimum de concentration. Flèche après flèche, je forçais pour maintenir la cadence, sentant les muscles de mon bras droit brûler à force de mouvements. De longues secondes passèrent, lorsque l’une de mes flèches se décida finalement à lui frôler la joue, laissant échapper un filet de sang. Mon arc reprit aussitôt sa forme de gourmette, tandis que je me relevais et me hâtais à sa rencontre. A un mètre d’elle, j’armais mon poing, et l’envoya cogner dans sa direction. Elle eut le temps de se protéger grâce à un genre de bouclier énergétique invisible. L’onde de choc nous propulsa tous les deux dans des directions opposées. La résistance de mes muscles me permit de rester conscient, limitant la casse. Légèrement sonné, je me relevais une fois encore, époussetant mon haut, et laissant échapper une petite toux, du fait de la poussière. Je m’approchais du corps inerte de Nymeria, tournant mon épouse sur le dos. De nouvelles larmes se montrèrent, chutant sur le sol à côté de son doux visage endormi. Je m’assurais qu’elle respirait encore, et qu’elle était bien inconsciente. Après quoi, je la pris dans mes bras et l’emmena jusqu’à la chambre conjugale. Je la déposais sur le lit, et retourna au salon pour prendre Chloé dans mes bras. Je la berçais quelques instants, calmant ses pleurs. Je l’amenais dans son berceau, et attendit qu’elle s’endorme. Je retournais aux côtés de Nymeria, patientant quant à elle, qu’elle se réveille. Mes yeux se fermèrent.

A mon réveil, Nymeria était encore endormie. Je ne savais pas trop combien de temps je m’étais assoupi. Je me mis sur le côté, patientant face à elle. Son visage était doux, lorsqu’elle dormait. Elle daigna alors ouvrir les yeux, tandis que la nuit demeurait reine. « Hey. » Fis-je à son intention, sans la brusquer. « Ça va, ta tête ? » Continuai-je quelques instants plus tard. « Je suis prêt à t’aider. Plus vite on s’y mettra, plus vite tout ceci s’arrêtera. » Lançai-je alors. Je me laissais tomber sur le dos. Je me savais en sécurité, à l’heure actuelle. Sa fatigue ne lui permettait pas de faire preuve de tant de puissance. Sa deuxième personnalité devait elle aussi se reposer. Les images de notre « combat » me revinrent. J’avais moi aussi été dans un état second. Je ne contrôlais plus entièrement mes gestes. Devenu presque psychotique, je commençais à me demander si je n’étais pas non plus sujet à des crises de perte de contrôle. Chassant rapidement ces pensées absurdes de mon esprit, je tournais la tête vers Nymeria, plongeant mon regard dans le sien. « Je ne l’aurais pas fait, tu sais. Partir, en te laissant derrière. » Expliquai-je. « Je t’aime, Nymeria. » Soufflai-je alors, mon regard plein d’amour à son égard.

Pour le meilleur et pour le pire.

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