La nuit était doucement en train de tomber et pour une fois je me sentais bien au camp. Certes on ne pouvait pas qualifier le 4 juillet de date importante de mon point de vue: Hey, je suis Irlandaise, la St. Patrick domine même Noël. Le climat aussi était différent de mon île natale et c’était dur de s’adapter. Avec un petit débardeur sombre, un short en jean et ma paire de converse, je m’étais sentie suffisamment dévêtue pour ajouter un long foulard turquoise à l’ensemble. Je ne sais même pas pourquoi j’ai décidé d’y aller au lieu de rester dans le bungalow, peut-être parce que la nuit avait ce côté apaisant qui me donnait une impression de sécurité. La nuit tout est toujours différent.

Je me faufilais entre les nymphes en train de glousser en arrangeant le foulard autour de mon cou. Il n’était pas de trop en fin de compte, l’air frais de la brise soulevait doucement mes cheveux et j’étais ravie d’avoir pensé à le prendre. Le feu crépitait déjà et je commençais même à me sentir bien. Depuis que j’étais arrivée c’était une sensation plutôt rare. Une douce odeur sucrée attira mon attention vers un jeune demi-dieu en train de faire chauffer un marshmallow au-dessus du feu.

- Oh...

Il m’en faut un. J’ai repéré le grand plat où ils étaient entreposés et m’en suis servi une pleine poignée avec un petit soupir ravi. Les sucreries auront ma peau. Bah, quelle importance, c’est une belle mort. Avec deux dans la bouche et les autres au creux de ma main je me suis tournée vers l’assemblée autour du feu. Il y avait plus de monde que ce que j’aurais cru : les enfants de Mr. D, Apollon et Aphrodite bien sûr (on peut dire sans se tromper qu’une fête est ratée s’ils n’y sont pas), mais aussi ceux d’Athéna ou Poséidon, même Hadès et—Oh mon Dieu ! Zeus ! Celui qui a ordonné la fête. Et celui dont le fils devrait se trouver dans les parages, parce qu’il n’a pas peur de son ombre et qu’il sera forcément présent à un événement de ce genre. Celui que je devais éviter le plus possible jusqu’à nouvel ordre. La panique était en train de ma gagner tandis que je scrutai les visages à la recherche du sien. Peut-être que si je restai dans un coin, ce que j’avais prévu de toute manière, on ne me remarquerait pas. Il ne me remarquerait pas. J’avalais lentement mes deux douces sucreries et reculait doucement vers un coin moins peuplé, plus sombre, entouré d’arbres. Bien mieux. Je commençais à me relaxer. Maintenant m’installer pour savourer mon butin, j’en récupérerai d’autres plus tard pour faire flamber au bungalow. Il était hors de question que je m’approche de la masse grouillante près du feu, qui sait ce qui s’y passe.

C’est en me retournant que j’ai réalisée mon erreur. Il était juste là. Tranquillement appuyé contre un arbre. Je me suis figée et mon cœur s’est mit à battre stupidement la chamade. Stop, stop, stop, c’est très mauvais. J’ai mis quelques secondes supplémentaire avant de réagir et faire un pas en arrière sans regarder où j’allais. La suite fut digne de moi, la seule racine du coin était forcément pour moi. J’ai buté et suis partie en arrière avant d’atterrir sur les fesses avec un faible petit cri. Oy même en cas d’urgence je ne suis pas fichue de m’enfuir correctement. Non, non, je peux le faire avant qu’il me remarque. Je me suis relevée dans l’urgence, laissant mes marshmallows derrière, avant de partir du côté opposé. Priant pour ne pas avoir été vue en train de me rendre ridicule comme d’habitude…