« Alors c'est quoi ton petit pseudo : Persephy, sinon tu as quel âge : 22 ans et tu viens d’où du Sud de la France, non reviens ne pars pas encore, j'ai des questions, tu l'as connu où le forum : Sur Bazzart . D'accord ! D'accord ! Continuons, as-tu des choses à dire sur le forum ? Tu l'aimes ? : Oh voui beaucoup ! :please:J’espère ne pas faire de grosses bourdes n’ayant pas encore lu les livres (ils traînent sur ma table de nuit), n’hésitez pas à me le dire si je fais un hors sujet, mes infos sont outrageusement pompées de wiki. :hide:Une autre question et après j'ai fini, tu vas te connecter combien de fois par semaine : 1 à 2 fois par semaine au pire, une bonne dizaine au mieux. »

₪ Un IPhone gravé d’un papillon, cadeau de mon père. Inspiré de l’Ipad de celui-ci qui donne la liste des gens destinés à mourir, le mien en revanche contient une application qui me donne les probabilités de mortalité des gens autour de moi. Ces probabilités changent en fonction des circonstances et me permettent de savoir si quelqu’un est en danger ou pas. Le rayon d’action est de 15 à 20 mètres et s’applique tout aussi bien aux humains qu’aux demi-dieux. Le seul inconvénient (et un gros avec ça) c’est qu’il ne dit rien à mon sujet. Peu importe les circonstances : je ne saurai pas si je suis moi-même en danger.

₪ Une épée. Oui vous avez bien lu, moi, avec une épée ! Je ne sais même pas par quel bout la tenir sérieusement ! Apparemment elle doit avoir une utilité quelconque mais vu que je ne l’ai jamais utilisée je n’ai pas encore trouvé laquelle. A part découper joyeusement des gens je veux dire… C’est ma toute première récompense venue d’un autre Dieu que mon père. Techniquement Hypnos serait mon oncle donc on pourrait appeler ça du favoritisme, mais si on réfléchit bien, tous les autres Dieux sont les oncles de quelqu’un non ? De toute manière j’en suis fière, même si je n’en ai aucune utilité. C’est la preuve que j’ai réussi quelque chose, surtout ici. Ok c’était une petite quête de rien du tout, mais je m’en fiche. Je ne devrais pas faire ma difficile, c’est une arme magnifique après tout : courte et légère, recouverte de gravures travaillées mais sans prétentions. Parfaite pour faire croire que je ne suis pas totalement incapable.

J’ai toujours eu peur de tout.

Des gens, de l’orage, des insectes, du noir. Trop de bruit, pas assez de bruit… Peu importe la cause tout y passe. C’est plus fort que moi, presque instinctif en fait, je suis déjà prête à fuir avant même qu’il ne se passe quoi que se soit. Le plus drôle dans l’histoire c’est qu’apparemment chez les autres demi-dieux ça leur donne un instinct combatif ou un truc du genre. Quand leurs meilleurs réflexes leurs permettent de se défendre, les miens me donnent juste une longueur d’avance. Pathétique non ?

« Allez, fais un effort, je ne t’emmène pas au bal de promo juste au cinéma. »

Mais tout ça je l’ignorais encore. Que j’étais une demi-déesse je veux dire (ça me fait encore bizarre de le dire à voix haute), pas que j’étais une lâche irrécupérable. J’étais encore une ado (relativement) normale dont le meilleur ami essayait de convaincre de voir l’extérieur de sa chambre. Il faut avouer qu’il avait plutôt bien réussi vu que j’étais dans sa jeep qui roulait tranquillement vers le centre ville. Petit brun avec des cheveux courts emmêlés dans tous les sens et des lunettes qui lui donnaient un air d’intello dont il usait et abusait avec les filles, Alec Barts affichait ce petit sourire supérieur qui m’agaçait toujours profondément.  

« Le cinéma c’est surfait. On pourrait pas louer un film à la place ? »

C’est au moment où il allait répliquer une répartie sûrement pleine de sarcasme qu’un autre véhicule nous rentra dedans en plein carrefour. De l’intérieur de la voiture on aurait pu prendre ça pour un train de marchandise lancé à 100 à l’heure, mais je suis mal placée pour être objective. Le choc nous a propulsé hors de la route et la voiture a commencé à faire des tonneaux. J’ai du perdre connaissance à un moment donné parce que quand j’ai rouvert les yeux je pendais la tête en bas et Alec n’était plus dans la voiture. J’étais complètement engourdie, mais je n’allais clairement pas rester suspendue comme ça. J’ai mis cinq bonnes minutes à défaire ma ceinture de sécurité, ce qui m’a bien évidemment fait tomber durement sur le plafond du véhicule quand la gravité a reprit ses droits. J’ai fini par laborieusement me sortir de là, les cheveux me tombant à moitié sur le visage en cherchant Alec aux alentours. Je pourrais mentionner le degré de panique que j’étais en train de ressentir mais ça ne serait pas vraiment pertinent. Cela dit je tiens à préciser que quand je l’ai vu couché à quelques pas de moi, sûrement éjecté par la force de l’impact, les yeux trop grands ouverts pour juste scruter le ciel et immobile comme la statue de l’ancien fondateur de la ville, j’ai dépassé le stade de simple panique. J’ai voulu vérifier son pouls, dans un sursaut d’innocence je suppose. J’ai retiré ma main à peine l’ayant effleuré, il était aussi froid que la carrosserie de laquelle je venais de m’extirper. J’avais du rester un moment inconsciente. J’ai du fermer les yeux pour me persuader que j’étais en train de rêver, à genoux dans l’herbe et poussé un petit cri en me répétant encore et encore que rien de tout ça n’était réel. Je ne savais pas pourquoi à l’époque, mais mon sang bouillonnait dans mes veines et le vent avait un goût différent. Oui un goût, je ne saurai pas dire pourquoi j’ai pensé ça à ce moment là, c’était la première chose qui me soit venue à l’esprit. J’ai appris plus tard que j’avais cette sensation à chaque fois que j’utilisais mes pouvoirs.

« C’est fini, je ne sors plus le vendredi soir. »

J’ai rouvert les yeux sous le choc. Il était là, assis devant moi exactement où je l’avais laissé. Mais il y avait quelque chose… « Tu était mort... » Il m’a regardé bizarrement, comme s’il me voyait pour la première fois. « J’étais mort ? » Il ne respirait pas. Mon esprit ne savait pas vraiment quoi faire de cette information et se contentait juste de tourner à vide. « Tu es mort. » Il ouvrit la bouche comme pour se moquer de moi, mais quelque chose lui fit changer d’avis parce qu’il se tut avant de se passer la main dans le cou. Et je ne suis pas une experte, mais je suis presque sûre qu’une colonne vertébrale dans son état ne devrait pas être possible sur un humain vivant et en bonne santé. « Je suis mort. » La réalisation me fit paniquer encore plus. « Attend… » Je levais les mains vers moi comme si elles pouvaient m’apprendre quelque chose de nouveau. « Je suis morte ? » Il pencha la tête sur le côté, un peu trop à mon goût, en m’examinant. « Tu n’en as pas l’air. » Le soulagement fut de très courte durée : mon meilleur ami était mort et me parlait d’outre tombe. On nageait en plein délire. « Qu’est ce que je vais dire à tes parents... » « Qu’est ce que j’en sais, c’est plus mon problème maintenant : je suis mort. » « Je crois qu’on a déjà établi ça ! » « Je crois que tu réagis de manière excessive. » « De nous deux tu es celui qui a une réaction anormale. » « Je suis pragmatique. Et tu sais qu’à ma place tu le serais aussi. » « Oui mais… enfin… c’est… » Je n’arrivais plus à respirer, ça y es, j’étais devenue cinglée.  « Je vais faire une crise de panique. » « Mais non, pense à des choses agréables. Comme le miel… » Il s’était accroupi à côté de moi et m’avais prise dans ses bras glacés. « J’aime le miel… » « Les Clash… » « J’ai pas encore trouvé la version vintage de London Calling… » « Les fesses de Liam McNeil… » « Quoi ! Non ! Tu sais quoi je refuse de parler d’anatomie masculine avec toi. » « Ah, je le savais, tu es carrément le genre à tomber pour les bad boys ! » Il avait retrouvé son petit sourire satisfait sur le visage. « Pas du tout, prends Sabrina elle— » « C’était une garce et tu le sais. » « Dis-moi encore comment on en est venu à parler de ma désolante vie sentimentale ? » « Hasard de circonstances. »

Il m’a observé en silence pendant quelques minutes et j’en ai fait de même. Il était définitivement mort. C’était encore plus flagrant de près. « Je ne sais pas encore combien de temps ça va durer alors je vais y aller franco... » Il s’est assis juste en face de moi pour me regarder directement dans les yeux. « N’ai pas peur, tout va bien se passer. » « Qu’est ce que tu en sais. Et je n’ai pas peur. » « N’oublie pas à qui tu parles : je sais. Et bien sûr que tu as peur… » Il a doucement posé sa main sur ma joue. « Mais ça ne veut pas dire que tu n’est pas courageuse. » Le fait est, qu’apprendre qui était mon père peu de temps après et devoir me rendre dans un camp pour demi-dieux sans m’y être préparée au préalable m’a clairement empêché de m’attarder sur ses propos. Le truc dans toute cette histoire c'est que j'ai ramené Alec avec sa conscience, c'est la seule fois où c'est arrivé. Normalement je ne suis pas capable de ça, les corps que je manipule sont vides ou du moins limités: l'âme est déjà loin. Peut-être que c'est parce qu'il venait juste de mourir, peut-être que c'est parce que c'était Alec, qui sait...

J’ai toujours peur de tout. J’espère juste qu’un jour je serai capable de dire : je n’ai pas peur, et vraiment le penser…